Un général italien : «C’est Erdogan qui perpétue la guerre civile en Libye»
Par Sadek Sahraoui – Le général italien et expert en stratégie militaire Carlo Jean accuse le président turc, Recep Tayyip Erdogan, de chercher à perpétuer le chaos dans ce pays. Il se dit persuadé même que c’est Anakara qui a commandité le double attentat terroriste qui a ciblé, mardi soir, une mosquée de Benghazi et ayant fait une quarantaine de morts.
Dans une interview accordée, jeudi, au journal Alsusediarao, le général Carlo Jean a estimé qu’il n’y a pas de différence entre le maréchal Khalifa Haftar et Faïz Sarraj du moment où ils font face tous les deux aux extrémistes qui, malgré leur défaite, restent bien armés. Et il a regretté que ces extrémistes soient soutenus par un membre de l’Otan, allusion faite à la Turquie d’Erdogan. En guise de preuve, il a rappelé le navire chargé d’explosifs qui a récemment tenté de gagner les côtes à partir d’un port turc. Pour lui, les auteurs du double attentat de la mosquée savaient ce qu’ils faisaient puisque les lieux étaient fréquentés ce jour-là par de hauts responsables de l’armée du général Haftar.
L’officier supérieur italien soutient, par ailleurs, que cette attaque est de nature à affaiblir le maréchal Haftar qui s’apprêtait, après avoir proclamé la victoire sur les milices islamistes il y a deux mois, à s’étendre vers le reste de la Libye ou, du moins, vers le sud. Cette attaque réduit ses ambitions et montre que son bastion n’est pas aussi sûr qu’il le prétend.
L’Egypte a publié une déclaration sévère dans laquelle elle reproche à la Turquie d’avoir armé des groupes islamistes de l’Est libyen. Est-ce une piste fiable ? Pour le général italien, il s’agit d’une piste crédible. Selon lui, «la Turquie a toujours soutenu les Frères musulmans et les islamistes, surtout en Tripolitaine mais aussi en Cyrénaïque». «On sait qu’il a armé ces milices lors de la bataille de Misrata», a-t-il ajouté.
Comment voit-il l’évolution de la situation ? Pour lui, le chaos va continuer encore à régner pendant un temps dans ce pays. «Cette attaque montre qu’aucun des deux prétendants (Haftar et Al-Sarraj, ndlr) n’a le contrôle complet de la situation. Les groupes terroristes et les milices sont bien organisés et bien armés, ils peuvent recourir au terrorisme même s’ils ne sont pas capables de mener une insurrection à une grande échelle», a-t-il indiqué.
- S.
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