Printemps macabre
Par Sadek Sahraoui – Le président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, a dressé, au début de la semaine, lors de l’ouverture d’un congrès au Caire, un bilan désastreux du «printemps arabe». «Le printemps arabe a eu pour conséquence 1,4 million de morts, 15 millions de réfugiés et 900 milliards de dollars de dégâts», a-t-il martelé, ajoutant que les peuples arabes aspiraient à de meilleures conditions de vie, mais que des forces obscures ont réussi à leur voler leur rêve et à leur subtiliser leur révolution pour placer au pouvoir leurs complices islamistes à la tête de projets destructeurs.
Il y a sept ans, le 17 décembre 2010, un jeune marchand de légumes tunisien s’est immolé par le feu pour protester contre la hogra (déni de droit). Le geste de Bouazizi a libéré de leur peur des millions de gens dans le monde arabe qui se sont soulevés contre les pouvoirs autoritaires en place. Malheureusement, des forces obscures ont profité de cet événement pour faire basculer les pays arabes dans le chaos et régler leurs comptes avec certains dirigeants. La mort de Bouazizi aurait pu être un moment pour bâtir un monde arabe meilleur.
De janvier à mars 2011, six pays, la Tunisie, l’Egypte, le Yémen, le Bahreïn, la Libye et la Syrie, ont connu une descente aux enfers. Des pays comme l’Algérie, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et le Maroc sont tout de même parvenus in extremis à conjurer la menace. L’embrasement causé début 2011 par l’allumette du petit vendeur de Sidi Bouzid ne finit pas, sept ans plus tard, de consumer le Moyen-Orient et le Maghreb.
S. S.
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