Soufiane Djilali : «Un cinquième mandat serait une tragédie politique»
Par Hani Abdi – Le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, met en garde contre la «lente mais inexorable» dérive du pays vers «une situation de troubles et d’instabilité».
Dans une analyse de la situation générale du pays faite lors de son conseil national tenu à Alger, le parti de Soufiane Djilali relève «l’exaspération populaire», reflétée par les grèves, sit-in et manifestations de rue qui se multiplient et «risquent de prendre une exceptionnelle ampleur». Pour cette formation politique qui œuvre pour un changement radical, «l’échec du régime est total». Face à la rue qui gronde, «le sérail reste obnubilé, regrette-t-il, par son maintien au pouvoir et manigance déjà en vue d’une prochaine élection présidentielle qu’il veut sous contrôle». «Pourtant un cinquième mandat, s’il advenait, serait le produit d’une transgression constitutionnelle, d’une faute morale, d’une tragédie politique et d’un drame humain», avertit Jil Jadid, qui a déjà mené une vaste campagne pour l’application de l’article 102 de la Constitution relatif au cas d’incapacité physique avérée du chef d’Etat.
Le parti de Soufiane Djilali explique pourquoi il parle de transgression constitutionnelle et souligne que la loi suprême limite à deux les mandats présidentiels. «Comment peut-on parler d’un cinquième mandat ? Rappelons qu’en 2016, l’Algérie ne s’est pas dotée d’une nouvelle Constitution qui aurait mis à zéro les compteurs des mandatures, mais le Parlement avait opéré un amendement sur celle de 1996», affirme ce parti, pour lequel la faute morale est que «le Président actuel n’a plus qu’une existence biologique sinon une présence virtuelle à travers des portraits, et qu’à ce stade de la maladie, il ne peut rien pour lui-même et encore moins pour le pays». «Une tragédie politique, car chaque jour qui passe démontre l’incompétence, la malhonnêteté et la violence du pouvoir qui a marginalisé toutes les institutions, trafiqué les élections, dilapidé les richesses et qui maintenant passe à la répression tous azimuts de la population qui refuse la soumission», soutient Jil Jadid.
Le drame humain, selon cette formation, est que le Président, dont la dignité n’est plus respectée et qui est ostensiblement affiché, particulièrement face aux étrangers, dans des situations dégradantes, endure des souffrances physiques inhumaines. Jil Jadid dit ainsi faire appel à la conscience nationale «pour se mettre en ordre, empêcher l’illégal cinquième mandat et proposer une véritable alternative d’ici 2019». «Maintenant que le désordre dû au quatrième mandat est avéré à tous les niveaux, il ne reste au pays que peu de solutions envisageables pour une issue salutaire», estime ce parti, qui propose d’aller vers un mandat de transition et un candidat unique de toute l’opposition, avec comme objectif principal la remise en ordre des affaires de l’Etat.
H. A.
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