Boualem Benhamouda : «Mehri est allé à Sant’Egidio sans l’accord du FLN»
Par Karim B. – L’ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Boualem Benhamouda, a révélé, dans un livre paru récemment et repris par le quotidien arabophone Echorouk dans son édition d’aujourd’hui, dans le cadre d’un dossier spécial sur Abdelhamid Mehri, que son prédécesseur s’est rendu à la rencontre de Sant’Egidio, en janvier 1995 à Rome, sans l’aval de la direction du parti. «Mehri a agi de façon individuelle sans consulter le bureau politique et sans avoir étudié la question de façon objective», a-t-il affirmé, en expliquant que son comportement était une «erreur politique et organique qui a eu pour conséquence une grave crise au sein du FLN».
La rencontre de Rome – organisée par la communauté religieuse de Sant’Egidio, à laquelle avaient pris part le FFS, le PT, le MSP et le FLN aux côtés d’anciens dirigeants du parti extrémiste FIS – avait suscité une vague d’indignation en Algérie. La démarche était considérée comme une tentative d’internationalisation de la crise algérienne qui aurait débouché sur une intervention étrangère. Les événements qui ont suivi cette rencontre ont démontré que l’objectif visé par certains participants à cette réunion-piège, dont notamment le défunt Hocine Aït Ahmed, avaient effectivement l’intention de provoquer une ingérence directe dans les affaires internes du pays, sous l’instigation de l’Internationale socialiste.
Des sources proches du FFS révéleront plus tard que, tout comme le secrétaire général du FLN, Aït Ahmed n’avait pas consulté la direction de son parti et avait pris la décision unilatérale de voler au secours du FIS pour des raisons qui demeurent inexpliquées à ce jour. D’autres sources avaient fait état d’une entente secrète manigancée dans les arcanes du pouvoir avant l’arrêt salvateur du processus électoral, qui visait à court-circuiter l’armée – soutenue par les partis démocrates et la société civile – et négocier un accord tripartite Abassi-Mehri-Aït Ahmed pour se répartir les prérogatives, tout en maintenant Chadli Bendjedid à son poste de président.
A l’époque, le président du Hamas (islamiste, MSP actuellement) s’était retiré de la rencontre dès qu’il comprit que le but inavoué qui se cachait derrière l’initiative était – effectivement – l’internationalisation de la crise. Louisa Hanoune, patronne du PT depuis la création du parti à ce jour, voulait, elle, jouer la carte de la réconciliation en intégrant le FIS dissous à une sorte de solution de sortie de crise qui eût pour effet immédiat la fin de la violence. Les actes barbares commis par les hordes terroristes nées de la matrice intégriste du Front islamique du salut, dirigé par le binôme Abassi-Benhadj, ont prouvé que le PT a été instrumentalisé pour offrir une couverture politique à un parti dont la raison d’être était principalement l’abolition du régime démocratique en Algérie et son remplacement par un califat.
K. B.
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