L’Etat est au Square
Par M. Aït Amara – La déclaration du ministre du Commerce sur la véritable cotation du dinar qui se trouverait entre les mains des cambistes clandestins du Square n’a suscité aucune réaction. Pourtant, ce qu’a dit Mohamed Benmeradi est à la fois vrai et grave. Vrai, parce que les barons du marché noir de la devise, tapis dans l’ombre, sont ainsi érigés en Banque d’Algérie parallèle qui, à plus forte raison, maîtrisent mieux que les institutions financières officielles les rouages du change. Grave, car le ministre avoue de façon directe que l’Etat a été transféré au Square et que quelques nababs inobservables et insaisissables se substituent tout à fait naturellement aux banques légales avec la bénédiction des pouvoirs publics.
Ce n’est pas la première fois que l’Etat lève le drapeau blanc devant la mafia. Pis, incapable de lui faire la guerre, il a multiplié les appels du pied indécents à son adresse pour tenter de capter les milliards de dinars qui circulent en marge du circuit officiel. Pour appâter les requins, le gouvernement a tenté une parade, islamiser la pratique fiduciaire, croyant naïvement que les tenants du marché noir allaient se ruer sur les banques pour y déposer leurs sacs de billets pourris. Argent sale auquel on voudrait assurer un blanchiment en règle pour renflouer les caisses du Trésor public qui se vident à vue d’œil.
C’est en raison de l’échec de cette supplique insolite que le Premier ministre a dû recourir à une autre solution tout aussi inattendue : actionner la planche à billets faute d’avoir pu récupérer l’argent planqué dans les coffres secrets des seigneurs du trabendo et des trafics en tout genre.
L’Etat dans l’Etat. Un Etat occulte dominant qui vit à la périphérie du système institutionnel ; un autre, officiel, qui produit des lois qu’il n’impose qu’à lui-même.
M. A.-A.
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