Zekri : «Les actes antimusulmans sont encouragés par certains hommes politiques»
Par Lina S. – L’Observatoire contre l’islamophobie a recensé 121 actes antimusulmans en 2017 contre 185 pour l’année 2016, soit 34,60% d’actes en moins. Cette institution présidée par Abdallah Zekri note une augmentation de 7,5% d’actions islamophobes et une diminution de 58,50% de menaces par rapport à 2016. «Si, globalement, on enregistre une baisse de 34,60%, cela concerne plus les menaces que les actions qui sont traumatisantes et qui ont augmenté de 7,5%», relève l’Observatoire contre l’islamophobie.
S’agissant des atteintes aux lieux de culte et des cimetières musulmans, 72 actes islamophobes ont été commis, contre 85% en 2016, soit une baisse de 15,3%. «Cette baisse s’explique par deux éléments, même si plusieurs responsables de lieux de culte continuent à ne pas porter plainte pour plusieurs raisons», explique Abdallah Zekri dans une déclaration à Algeriepatriotique. «D’abord, la France n’a plus connu, comme lors des années 2015-2016, des attentats qui, très souvent, favorisent des actes antimusulmans», souligne-t-il, ajoutant que cette baisse «peut s’expliquer également par la mise en place d’un préfet chargé de la sécurisation des lieux de culte et la surveillance de plus de 1 100 sites musulmans par l’opération Sentinelle».
Abdallah Zekri rappelle, par ailleurs, qu’une aide financière a été instaurée par l’Etat français pour favoriser la sécurisation matérielle des sites religieux par le biais d’installations classiques (grilles, sas, blindage, digicodes) ou d’installations de vidéo-protection.
De 2015 à 2017, la communauté musulmane a ainsi pu bénéficier de 1 327 117 euros de subventions pour 125 projets concernant 91 sites – 82 projets en vidéo-protection pour 742 787 euros et 43 projets hors vidéo-protection pour 584 330 euros.
«Pour rester dans l’analyse des actes antimusulmans, il serait intéressant de connaître, en plus de ces statistiques, le nombre d’affaires dont les coupables ont été identifiés, arrêtés et traduits devant la justice et surtout d’avoir le résultat sur leurs condamnations», estime Abdallah Zekri, qui est également délégué général du CFCM.
L’Observatoire contre l’islamophobie s’indigne de voir que des plaintes déposées depuis plus d’un an auprès de certains parquets n’ont pas abouti à ce jour et considère qu’il y a une justice à deux vitesses. Pour cette raison, apprend-on, une rencontre prochaine avec la ministre française de la Justice doit avoir lieu «pour lui faire part de nos revendications».
«Ne soyons pas dupes. Ces actes antimusulmans sont très souvent provoqués ou encouragés par des discours identitaires de certains hommes politiques et autres qui ne se gênent pas de stigmatiser l’islam et les musulmans», dénonce Abdallah Zekri, qui note, enfin, que les discriminations et l’islamophobie via la cyber-haine sont «en forte progression».
L. S.