Pourquoi les Emiratis mènent une guerre contre le Yémen
Par Sadek Sahraoui – Les troupes dites gouvernementales, soutenues par l’Arabie Saoudite, ne contrôlent plus rien au Yémen. Des forces séparatistes du sud du Yémen ont mis la main cette semaine sur Aden, la seconde plus grande ville du pays. Des drapeaux séparatistes flottent, désormais, sur de nombreux bâtiments publics de la ville. La défaites de l’armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi risque d’être fatale pour le Yémen en tant qu’Etat unitaire. Comme leur nom l’indique, les forces séparatistes militent en faveur de la reconstitution du Yémen du Sud. Les médias occidentaux n’en parlent pas beaucoup, mais Aïdarous Al-Zoubaïdi, le chef des forces séparatistes, est déjà à la tête depuis mai 2017 d’un gouvernement sécessionniste sud-yéménite.
Les derniers développements révèlent qu’il est soutenu par les Emiratis, qui luttent aux côtés de l’Arabie Saoudite contre les Houthis. Les Emiratis ont effectivement formé la force pro-séparatiste qui occupe actuellement Aden. Le constat suffit à plusieurs spécialistes de la région pour dire que les Emirats cherchent à faire éclater le Yémen en deux territoires pour pouvoir élargir leur influence dans la région. A posteriori, on comprend pourquoi ils sont partis en guerre contre le Yémen.
Les séparatistes sudistes yéménites étaient précédemment alliés au président Hadi, mais la relation s’est tendue après le limogeage l’an dernier du gouverneur d’Aden qui se trouvait être justement… Aïdarous Al-Zoubaïdi, qui a formé un «Conseil de transition du sud» (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Aden était la capitale du Yémen du Sud, un Etat indépendant, avant sa fusion avec le Nord en 1990. Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre et «des changements au gouvernement», accusé de «corruption» et de «mauvaise gestion». L’ultimatum a expiré dimanche et des combats ont aussitôt éclaté, aboutissant à la démonstration de force des séparatistes.
Dans tous les cas, cette crise a fait apparaître des divisions entre l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, piliers de la coalition arabe qui cherche à rétablir l’autorité du gouvernement et à chasser les Houthis, décrits comme des relais de «l’expansionnisme iranien». Riyad soutient toujours le président Hadi à bout de bras, tandis qu’effectivement, les Emirats ont entraîné cette force militaire yéménite appelée «Cordon de sécurité», qui est perçue comme favorable au puissant mouvement séparatiste du sud du Yémen. Est-il encore besoin de faire un dessin concernant la crise yéménite ?
S. S.
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