Bas les masques
Par Sadek Sahraoui –Est-il vraiment dans l’intérêt de l’Algérie de continuer à siéger au sein de la Ligue arabe ? La question se pose car il se révèle de plus en plus que l’organisation panarabe, dont la création en 1945 avait été fortement inspirée par la Grande-Bretagne qui cherchait à l’époque à contenir l’expansion française au Proche-Orient, est devenue un instrument au service des intérêts d’Israël.
Nul besoin d’être un expert en sciences politiques pour constater en effet que la Ligue arabe sert de cheval de Troie à l’entité sioniste pour dévitaliser ce qui reste des forces vives du monde arabe. Autrement, comment expliquer la scandaleuse passivité des Arabes face à la poursuite à un rythme soutenu et cadencé de la colonisation des terres palestiniennes ? Au-delà de rester accrochés au rêve de fonder, un jour, un Etat sur les frontières de 1967, que reste-t-il concrètement aujourd’hui aux Palestiniens ? Probablement encore la pauvre enclave de Ghaza que convoite secrètement l’Egypte et quelques villages en Cisjordanie encerclés par des colonies israéliennes. Des villages asphyxiés qui ne tarderont pas eux aussi à tomber dans l’escarcelle de l’Etat sioniste.
A dire vrai, les Israéliens n’ont laissé aucun possibilité aux Palestiniens de bâtir un Etat. Et cette réalité terrible ne choque personne. Pis encore, les Arabes semblent même s’être résignés à l’idée de perdre la très symbolique ville d’El-Qods qui devait service de capitale au futur Etat palestinien.
Est-il nécessaire de rappeler aussi que c’est avec la complicité active de la Ligue arabe et du Qatar que le couple franco-britannique, soutenu par les Etats-Unis, ont renvoyé au Moyen-âge la Libye, la Syrie et le Yémen. S’il n’y avait pas eu de traîtrises, de reniements et de compromissions avec l’ennemi au sein de cette organisation, tout ce massacre aurait-il été possible ? Certainement non. Israël et Benyamin Netanyahou sont aujourd’hui tellement assurés du contrôle de la Ligue arabe (qui n’a aucun fait d’arme sérieux à porter son actif depuis des lustres) et du gros des membres qui la composent qu’ils n’hésitent plus à narguer ouvertement le monde arabe. Ses sous-traitants locaux n’ont également plus honte de s’afficher au grand public.
Aujourd’hui, le moins que nous puissions faire pour prouver que nous ne sommes pas complices de cette horrible forfaiture, est de reprendre nos billes. Le moment est venu pour nous de repenser nos alliances et de voir le monde sous de nouvelles lorgnettes.
S. S.
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