Racisme à l’APN ?
Par R. Mahmoudi – Si la députée islamiste Naïma Salhi, en commettant son énième dérapage verbal, est toujours dans son rôle de provocatrice et de bateleuse politique, le silence des autorités, et notamment de l’APN, face à une dérive d’une telle gravité reste incompréhensible et condamnable à plus d’un titre.
La diffusion d’un discours raciste est non seulement immorale, réprimée par la loi et anticonstitutionnelle mais, surtout, contribue, dans la conjoncture que traverse le pays, à alimenter dangereusement la haine communautariste et à aider, par-là même, ceux qui sont sensibles aux «prêches» ethnicistes, mais qui sont restés jusque-là inactifs, à franchir le pas pour basculer dans l’extrémisme le plus néfaste. Pour cela, Naïma Salhi, sans le savoir, rend un grand service à ceux qu’elle prétend combattre. Même si, en même temps, on est en droit de se demander si sa mission n’est pas justement d’attiser le feu et de pousser les Algériens à s’entretuer, à l’heure où un gigantesque pas venait d’être franchi dans le sens de la réconciliation et de la consolidation de la cohésion nationale, suite aux récentes décisions du président de la République en faveur de la langue et de la culture amazighes.
En tout cas, vus sous cet angle, les propos ignominieux qu’a tenus cette obscure «élue du peuple» participent clairement d’un travail de sape et de démobilisation visant un engagement officiel de l’Etat algérien.
Il est clair que l’incorrigible Naïma Salhi n’aurait pas osé aller aussi loin dans son commentaire contre la langue amazighe si elle ne s’était pas senti protégée par son immunité parlementaire que lui confère son statut de députée. C’est pourquoi le président de l’Assemblée, Saïd Bouhadja, a le droit – et le devoir – de l’interpeller officiellement pour lui demander de cesser de développer de tels discours, voire de présenter des excuses. A défaut de quoi, le Parlement détient d’autres moyens légaux pour la dissuader ou la sanctionner, en actionnant des procédures devant aboutir au retrait pur et simple de son immunité parlementaire.
Il l’a déjà fait dans le passé pour permettre la comparution d’un député devant la justice qui le poursuivait pour un grave délit. Ce qu’a commis Naïma Salhi en est un.
R. M.
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