Erasmus+ : l’Union européenne enquête sur des détournements au Maroc
L’eurodéputée espagnole Angela Vallina, du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL), a adressé une question parlementaire écrite sous l’intitulé «Utilisation des fonds européens pour le programme Erasmus+ dans les pays du sud de la Méditerranée», dans laquelle elle révèle, en se référant à «diverses sources», que la Commission européenne (CE) «compte procéder à un audit après avoir détecté de graves irrégularités dans la gestion des fonds et du personnel au sein du bureau Erasmus+ au Maroc».
Dans cette question, l’eurodéputée demande aux services de la CE de confirmer ces informations et de préciser si la CE et l’Office antifraude de l’UE (Olaf) ont ouvert une enquête sur ce sujet pour situer les responsabilités et lancer la procédure de recouvrement des fonds européens potentiellement détournés.
En effet, les missions d’audit menées durant l’année 2017 par des experts indépendants mandatés par la CE auprès de tous les bureaux Erasmus+, pour établir des rapports d’évaluation sur l’exécution des conventions de financement 2014-2017, ont permis de relever l’existence, au niveau du bureau Erasmus+ du Maroc, de plusieurs contrats de recrutement qui ne sont pas déclarés ni auprès des services de la CE ni auprès des autorités marocaines. Les auditeurs se sont ainsi interrogés sur la qualité des personnes recrutées (entourage du coordonnateur marocain) et l’exécution effective des tâches mentionnées dans ces contrats par ces mêmes personnes, qui ont perçu des salaires non déclarés sur le compte de la convention de financement.
Les auditeurs ont également relevé l’existence de «conflits d’intérêts» caractérisés, notamment, par le recrutement de personnel ayant des liens familiaux avec le coordinateur national et la location auprès d’un proche du coordinateur national d’un local abritant le siège du bureau Erasmus+ Maroc.
Sur la base des conclusions de cette mission d’audit, les services de la Commission européenne ont adressé une lettre au bureau Erasmus+ Maroc exigeant des explications sur les irrégularités constatées, et ce, avant la fin de l’année 2017. En fonction des explications qui seront données par ce bureau, la partie européenne décidera des suites à donner à cette affaire. Entre temps, toute coopération et activité avec le bureau Erasmus+ ont été suspendues, jusqu’au dénouement de cette affaire.
C. P.
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