Où est Ouyahia ?
Par R. Mahmoudi – Très prolixe au moment de la présentation du plan d’action de son gouvernement devant l’APN à la mi-septembre, et même quelque temps plus tard, lors des débats sur tamazight et Yennayer, le Premier ministre s’est ensuite enfermé dans un silence prolongé et de plus en plus pesant.
Devant une impasse sociale aussi grave qui sévit depuis plusieurs semaines, et qui menace de déborder, l’absence du chef de l’Exécutif sur la scène affaiblit de fait la position des deux ou trois départements qui se débattent «seuls» pour essayer de trouver une issue à la crise qui paralyse les hôpitaux et une bonne partie des établissements scolaires, en essayant vaille que vaille de garder la face.
On ne sait pas si Ouyahia a choisi de ne pas s’y mêler directement par cécité politique, dans un sens où il aurait sous-estimé ces conflits provoqués par les grèves des enseignants et des médecins résidents ou par calcul politicien, lui dictant d’éviter de se brûler les doigts. Dans les deux cas de figure, cette absence ne pouvait que se répercuter négativement sur la situation. Pourtant, il aurait pu faire valoir son autorité et, surtout, son sens de la politique et de la négociation pour s’imposer comme force d’arbitrage. Au lieu de mettre ses ministres, pris à la gorge, dans une situation d’accepter ou de solliciter n’importe quelle médiation, y compris celle d’un imam controversé.
C’est aussi une hypothèse plausible qu’Ouyahia ait été lui-même pris au dépourvu et qu’il n’ait plus de ressort pour rebondir face à tant de contestations depuis sa nomination en août dernier : manifestations violentes en Kabylie, grèves en cascade dans plusieurs secteurs d’activité… Mais une chose est sûre : il ne peut plus continuer à rester plus longtemps dans cette posture.
R. M.
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