L’ancien chef du Renseignement palestinien accuse Abbas d’«intelligence avec la CIA»
Par Sadek Sahraoui – A l’instar de nombreux leaders arabes, le président de l’Autorité palestinienne a-t-il à un moment ou à un autre roulé pour les services secrets de renseignement américains ? C’est un peu la thèse que soutient le journaliste Joseph Fitsanakis dans un article repris par le site Intelnews.org et qui risque de mettre le feu aux poudres. L’article en question s’appuie notamment sur des déclarations de l’ancien chef des services de renseignement palestiniens (1994-2008), Tawfiq Tirani, qui accuse ouvertement le gouvernement de la Cisjordanie d’avoir travaillé main dans la main avec la CIA pour mettre sur écoute des milliers de personnes sans contrôle de la justice. La même source indique d’ailleurs que Tawfiq Tirani a introduit une plainte contre l’Autorité palestinienne, demandant qu’une enquête soit entreprise sur ces écoutes.
Cette plainte, précise encore Joseph Fitsanakis, a été cosignée par Jawad Obeidat, président du Barreau de Cisjordanie, et «comprend 37 pages et a été mise sur le réseau social WhatsApp, le mois dernier, par un individu anonyme qui prétend avoir travaillé pour une unité de surveillance des Services palestiniens de sécurité préventive, le service interne de sécurité de l’Autorité palestinienne». Jawad Obeidat soutient mordicus que ce service s’est rapproché de la CIA en 2013 pour obtenir une aide sous forme d’un système de surveillance en Cisjordanie, ce qui fut accepté en échange des données ainsi recueillies.
A en croire l’article de Joseph Fitsanakis traduit de l’anglais par Xavière Jardez, «les deux agences ont donc mis en place le système en 2014 et initié une vaste opération couvrant des milliers d’abonnés au téléphone». «Les premières cibles furent des membres du Hamas qui gouverne la bande de Gaza ainsi que le Djihad islamique» soutenu par l’Iran en Palestine. Mais selon Associated Press, la liste s’élargit pour inclure «des milliers de Palestiniens, dont des personnalités de groupes militants, puis des juges, des avocats, alliés et membres de la société civile proches de Abbas». «La liste incluait Tirani et Obeidat, auteurs de la plainte», ajoute la même source, qui mentionne en outre que «l’individu qui a fuité le document a décidé de démissionner pour rendre l’information publique après la décision de Trump de faire de Jérusalem capital de l’Etat juif».
A noter que l’Autorité palestinienne a récemment qualifié le document de «bêtise». Une bêtise qui selon elle «fait partie d’une vaste conspiration pour miner les intérêts des Palestiniens».
S. S.
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