Rencontre de députés et syndicalistes européens avec le Polisario : l’UE démasquée
La deuxième réunion qui a eu lieu ce mardi entre le Polisario et des représentants du Parlement européen, accompagnés d’un panel de syndicalistes, a été un succès à plus d’un titre.
Ont participé à cette rencontre, côté européen, trois eurodéputés : Paloma López Bermejo (hôte de la rencontre), Miguel Viegas et Javier Couso Permuy. Le Front Polisario a été représenté par Mohamed Sidati, ministre conseiller à la Présidence, et Mustapha Sid, responsable de la centrale politique.
Plusieurs syndicalistes sahraouis ont pris part à ces discussions, dont Salama Brahim El-Bachir, secrétaire général de l’UGTSARIO, Abida Uld Alamin Bachir, Eddia Nafai (CSTS/Union des confédérations des travailleurs sahraouis des territoires occupés du Sahara Occidental). Les syndicats européens ont été représentés notamment par le secrétariat international du CCOO et de l’UGT (Espagne) ainsi que par l’ITUC et d’Euro Med Rights. Il faut aussi noter la présence du représentant de l’ambassade d’Algérie à Madrid.
Dans son introduction, Paloma Lopez a remercié les participants d’avoir répondu à son invitation et a énuméré les activités que son groupe politique et l’intergroupe organisent en soutien à la cause sahraouie. A ce moment-là, elle a interrompu son intervention pour inviter le journaliste de l’agence marocaine MAP présent à quitter la salle.
Prenant la parole, le secrétaire général de l’UGTSARIO, Salama Brahim El-Bachir, a qualifié la rencontre d’aujourd’hui de «victoire dans la défense de la paix, de la justice, de l’égalité et de la liberté», en réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. L’orateur a ensuite rappelé la décision de la CJUE du 21 décembre 2016 et les conclusions de l’avocat général du 10 janvier 2018 sur l’accord de pêche.
Le syndicaliste sahraoui a saisi cette occasion pour dénoncer les violations par le Maroc des droits du peuple et des travailleurs sahraouis et salué la recommandation du Parlement espagnol qui a appelé le gouvernement espagnol à rétablir les travailleurs sahraouis qui travaillaient sous l’occupation espagnole, notamment les travailleurs de Fosbucraa, dans leurs droits.
Les autres syndicalistes sahraouis sont allés dans le même sens en pointant du doigt la responsabilité de l’Espagne dans le non-respect des droits des travailleurs sahraouis (non-paiement de leurs pensions de retraites, etc.), les violations par le Maroc de tous les droits humains des travailleurs sahraouis (disparition de plus de 651 personnes, emprisonnement de syndicalistes, discrimination, etc.).
De son côté, Abida Uld Alamin Bachir, secrétaire international de l’UGTSARIO, a proposé de sanctionner la rencontre par une déclaration appelant, entre autres, l’UE au respect de l’arrêt de la CJUE. Proposition qui a été saluée.
Dans le domaine politique, Mohamed Sidati, ministre conseiller à la Présidence, a évoqué sa dernière rencontre avec la Commission européenne, une rencontre qu’il a qualifié d’«informelle», et d’ajouter que la commission ne semble pas vouloir discuter «sérieusement», accusant Paris et Madrid d’exercer des pressions pour empêcher l’UE de discuter avec le Polisario.
De leur côté, les syndicalistes européens ont rappelé la responsabilité de l’Espagne vis-à-vis des droits des travailleurs sahraouis et appelé le gouvernement espagnol à assumer ses responsabilités, affirmant que le dossier des droits des travailleurs sahraouis hérité de l’époque coloniale «engage» l’Etat espagnol. Ils ont tour à tour affirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dénoncé les violations des droits humains et syndicaux en particulier par le Maroc.
R. Mahmoudi
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