En rappelant aux travailleurs leurs devoirs : Bouteflika cible-t-il les syndicats autonomes ?

Médecins résidents
La grève des médecins résidents perdure. New Press

Par Meriem Sassi – En s’adressant aux travailleurs à l’occasion du double anniversaire du 24 Février, Bouteflika semble cibler les syndicats autonomes qui mènent une fronde sociale à travers une série de grèves. Ainsi, dans la lettre lue par le ministre de la Justice garde des Sceaux, Tayeb Louh, le Président souligne notamment que «la diversification et la compétitivité de l’économie constituent un impératif devenu plus crucial dans le contexte de crise pétrolière que nous traversons. Nous ne pourrons le concrétiser sans la mobilisation résolue de toutes nos forces vives, de l’ensemble des travailleurs et des cadres, des femmes et des hommes qui font la force de notre pays. A ce prix, nous vaincrons les difficultés et poursuivrons notre marche vers le progrès.»

Poursuivant son message, le Président souligne qu’il n’a «jamais douté un seul instant de la disponibilité de tous pour relever ce défi. J’encourage, dans ce sens, les travailleurs à veiller à ce que la défense légitime et vigilante de leurs droits aille de pair avec l’observation effective et régulière de leurs devoirs et obligations, dans cette phase si cruciale du développement national».

Le rappel des devoirs que doit respecter chaque travailleur sonne ainsi comme un rappel à l’ordre indirect aux grévistes qui, a travers leurs syndicats et représentants, privilégient des actions de longue durée qui pénalisent depuis des semaines des secteurs sensibles, tels que ceux de l’éducation et de la santé.

M. S.

Comment (5)

    Zaatar
    25 février 2018 - 12 h 15 min

    En ce double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, Bouteflika n’a pas dérogé au rituel établi depuis que son état de santé l’empêche de s’adresser directement aux Algériens, celui de nous adresser, en ces solennelles occasions, des messages qui, souvent, tiennent autant du discours sur l’état de la nation que du commentaire de circonstance. Cette fois-ci, le chef de l’État nous a délivré un discours sur l’état de l’économie, une économie qu’il dit affectée par “les convulsions actuelles des marchés pétroliers qui frappent tous les pays producteurs”, s’accrochant à la thèse officielle des facteurs endogènes à l’origine de la crise financière. Du point de vue du pouvoir, le prix du pétrole n’aurait, en quelque sorte, jamais dû baisser pour que l’Algérie puisse continuer à prospérer. À quoi servirait-il alors pour un pays d’être gouverné, si son sort devait ainsi, durablement, dépendre de la bourse d’un produit ?
    Cela dit, le marché nous a, quand même, donné le temps de voir venir : quatorze ans d’aisance soutenue ! Justement, tout ce que le pouvoir a refusé de faire durant ces quatorze années d’abondance pour se préparer à l’après-pétrole se retrouve dans son discours de sortie de crise. Et dans le discours du Président : “La diversification et la compétitivité de l’économie” sont devenues “un impératif crucial dans le contexte de crise pétrolière que nous traversons”, et cela, “loin de tout protectionnisme” ; une révision de “la gouvernance économique des structures de l’État et des entreprises publiques s’impose, ainsi que la recherche de ‘niches d’économie’” ; les “nouvelles technologies” et de “la transition énergétique” doivent être promues…

    La longue période d’opulence avait plutôt inspiré au régime la règle des 51/49 et le marché de gré à gré, c’est-à-dire le contraire de la compétitivité, la facilité du tout pétrole et gaz plutôt que l’effort de promotion des nouvelles énergies, la censure de la communication à travers une politique d’acquisition et d’accès homéopathiques à l’internet et aux nouvelles technologies…
    Mais malgré un discours d’autolégitimation imputant l’échec économique national aux “convulsions” du marché international, le Président convient, indirectement, de la dissipation et de la déprédation qui ont caractérisé son régime et qui ont au moins une part de responsabilité dans la crise. Il concède, en effet, que la situation impose un effort “de rigueur et de moralisation de notre gouvernance”. Ce qui n’est pas un mince aveu pour un régime qui, malgré les scandales plus ou moins étouffés, s’est toujours évertué à se présenter comme un promoteur décidé de la lutte contre la corruption.
    Anniversaire de l’UGTA oblige, le Président a rendu hommage au rôle des travailleurs et de l’entrepreneuriat dans le développement économique. Mais l’actualité sociale lui inspire plutôt le reproche envers des fonctionnaires dont les revendications se font de plus en plus résolues. “J’encourage les travailleurs à veiller à ce que la défense légitime et vigilante de leurs droits aille de pair avec l’observation effective et régulière de leurs devoirs et obligations, dans cette phase si cruciale du développement national”, écrit le Président. Visiblement, la crise économique a commencé à extérioriser ses répercussions sociales. Et, à terme, politiques.

    Zaatar
    25 février 2018 - 7 h 43 min

    Ah ben tiens!!! on nous rappelle nos devoirs. ben oui, Quels sont les devoirs de chacun? on va commencer par nos responsables du pays depuis l’indépendance à nos jours tiens. Où en est le pays actuellement? est ce la faute à ses citoyens? Où en sont tous les secteurs économiques du pays tiens? est ce la faute à ses travailleurs? qui s’est enrichi dans ce pays tiens? est ce les citoyens qui roulent en Porsche, possèdent des usines, des méga villas, des sociétés offshore, des maisons à paris et dans les métropoles européennes? Si on en juge par l’état de délabrement du pays on en conclu que nos responsables ont failli à leur devoirs c’est aussi simple que cela…Monsieur le président, vous devez appliquez ce que vous venez de dire à tous les responsables du pays à commencer par vous même.

    L'inspecteur
    25 février 2018 - 1 h 15 min

    Bouteflika malade et inconscient n’est au courant de rien c’est la clique qui l’a pris en otage et gouverne à place qui parle en son nom.
    La prise d’otage du président de la République est un crime passible de la peine capitale.
    Elle se prépare au lancement d’une ligne aérienne d’Air Algérie entre Tlemcen et Oujda malgré la crise financière ! autant ouvrir les frontière avec leur mère patrie.

    Anonyme
    24 février 2018 - 23 h 30 min

    La politique du donnant-donnant:
    les subventions sociales sont maintenues, donc cessez ces grèves.
    Sauf que les subventions ne règleront pas les problèmes socioprofessionnels,ni les problèmes de logements, ni celui du chômage des jeunes.

    cherif
    24 février 2018 - 20 h 01 min

    Ah , tiens, ça fait longtemps que je n’entend ou lit que le mot : « droit » et au pluriel. Oui , nous avons nos droits, mais nous ne devons absolument pas oublier nos devoirs envers notre pays, nos concitoyens et devant Dieu.La réussite c’est dans l’équilibre .

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