Une ancienne ambassadrice américaine révèle : «L’invasion de l’Irak est une erreur stratégique»
Par Sadek Sahraoui – Les langues commencent à se délier aux Etats-Unis concernant le projet de George W. Bush et des néoconservateurs américains d’envahir puis de détruire l’Irak. De plus en plus d’officiels n’hésitent pas à reconnaître ouvertement que l’invasion de ce pays du Moyen-Orient est une erreur stratégique qui a plus profité à l’Iran qu’aux alliés traditionnels de Washington dans la région.
C’est la thèse que soutient, par exemple, l’ancienne ambassadrice américaine au Koweït et en Libye, Deborah Jones. La diplomate américaine estime même que l’invasion de l’Irak est la plus grande erreur stratégique des Etats-Unis au XXIe siècle. «Personne ne nie aujourd’hui au Moyen-Orient que l’invasion de l’Irak a été une erreur stratégique», a déclaré la diplomatie américaine dans un entretien accordé cette semaine à la publication russe Gazeta.ru.
Deborah Jones révèle, en outre, que «le paradoxe est que dans le cas de l’Irak des généraux du Département d’Etat, comme Colin Powell et Richard Armitage, étaient opposés à l’invasion, alors que des civils comme Donald Rumsfeld avaient fortement soutenu le projet». Cette déclaration confirme que les néoconservateurs étaient à l’époque puissants au sein de l’Administration américain.
Tout le monde se souvient de l’argument fallacieux trouvé par Washington pour détruire l’Irak et renvoyer son peuple à l’âge de pierre. La détention possible d’armes de destruction massive par le gouvernement de Saddam Hussein avait servi, en effet, de motif officiel de l’intervention armée en Irak en mars 2003 qui avait débouché sur le renversement de Saddam Hussein. Ces armes n’ont jamais été découvertes. En septembre 2010… et après des centaines de milliers de morts, Washington a officiellement annoncé la fin de cette opération militaire.
Parmi les objectifs militaires de cette guerre «préventive» figurait, dans l’esprit de certains néoconservateurs influents à la Maison-Blanche, la prévention d’une attaque contre Israël. Le journaliste Ari Shavit écrivait le 3 avril 2003 dans le journal israélien Haaretz : «La guerre d’Irak a été conçue par vingt-cinq néoconservateurs, juifs pour la plupart, qui incitent le président Bush à changer le cours de l’histoire.» Il donnait la parole à un de ces néoconservateurs, William (Bill) Kristol, qui mettait au crédit de l’intervention américaine l’absence d’attaque contre Israël.
Washington voulait également placer des troupes alliées et des bases en permanence sur le sol irakien pour ainsi avoir un contrôle sur le golfe Persique, montrer au monde que les Occidentaux sont toujours les plus forts et qu’ils peuvent agir efficacement et rapidement, libérer des prisonniers de guerre retenus en Irak. Ce conflit permettrait également à beaucoup d’entreprises européennes et américaines de profiter du pétrole irakien, prendre le contrôle des puits de pétrole du 4e détenteur de réserves ; il s’agirait donc d’une raison motivée par les analystes de la géopolitique du pétrole.
S. S.
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