France : grogne et blocage en perspective
Peu à peu, la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron se dessine à l’aune de son action, de plus en plus décriée, impactant sa popularité auprès des Français.
Les réformes qu’il a déclinées tout au long des premiers mois de règne – quasi sans partage et avec un mépris total et inédit de l’opposition – suscitent sinon un rejet, tout au moins une réprobation. Une situation qui risque en toute logique de déboucher sur une convergence de tous les mouvements contestataires, faisant planer la crainte d’un blocage total de la France – comme 1995 avec le plan des retraites de la Fonction publique mené alors par l’actuel maire de Bordeaux, Alain Juppé – et, par conséquent, fait peser beaucoup d’incertitudes sur le futur proche du gouvernement Philippe, avertissent les commentateurs.
Les cotes de popularité du chef de l’Etat et de (son) Premier ministre n’en finissent pas de s’éroder. Selon le dernier sondage Odoxa pour le journal L’Express, La Presse régionale et France Inter, diffusé ce mardi, seuls 43% (-11 points par rapport au mois de décembre) des Français jugent qu’Emmanuel Macron est «un bon président de la République», et 56% (+7 en moins de trois mois) émettent un avis négatif sur son action, jugée inefficace, sans résultats probants dans tous les secteurs, ou presque.
Au chapitre social, où le mécontentement est plus perceptible, en attendant que la politique menée sur d’autres sujets soit clairement décryptée, la grogne pointe au lendemain de l’annonce de la réforme de la SNCF, une réforme qui remet en cause les acquis des cheminots, dont le statut, pendant longtemps, a donné accès à plusieurs droits spécifiques, est aujourd’hui dans la ligne de mire du gouvernement.
Très remonté, le secrétaire général de la CGT dénonce «une attaque gravissime» contre les salariés et promet de «hausser le ton en cas de passage en force», traduire si le gouvernement, dans le cas d’espèce, légifère par ordonnance la réforme du ferroviaire. Une première journée d’action est d’ors et déjà arrêtée pour le 22 mars prochain à l’appel d’autres syndicats et de la Fonction publique, malmenée, elle aussi, par Emmanuel Macron.
La première année à l’Elysée n’aura pas été un long fleuve tranquille pour l’ex-ministre de l’Economie sous François Hollande tel que l’on le laisse entendre. Au-delà des couacs de début de mandat, c’est son action qui est aujourd’hui mise à l’index par les Français mais, paradoxalement, avec une certaine indulgence des médias, tout à coup outrageusement consensuels avec les idées et la vision d’Emmanuel Macron.
Pour preuve de cette cécité des médias, l’Economie reprend des couleurs, les entreprises sont généreusement arrosées mais sans la moindre traduction dans la résorption du chômage, ni dans une quelconque amélioration du pouvoir d’achat ; le dialogue entre la France et l’Allemagne, la locomotive de l’Europe, est quasi inexistant ; la liste des soldats de l’opération Barkhane tués au Sahel n’en finit pas de s’allonger.
Le ciel risque de tomber sur la France, les équipes de Macron tout comme les éditorialistes qui ont, par ailleurs, une haute idée de la presse hexagonale, discutent du temps qu’il fait, comme dirait l’autre.
De Paris, Mrizek Sahraoui
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