Le Pen persiste à justifier la torture en Algérie et accable les socialistes
Par R. Mahmoudi – Dans une nouvelle provocation, l’ex-leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, a déclaré qu’il aurait «pratiqué la torture en Algérie» si on le lui avait demandé. Répondant aux questions de RTL ce lundi, l’ancien chef de l’extrême-droite a essayé ensuite de nuancer son propos, en ajoutant : «J’aurais fait mon devoir, préférant la vie d’une fille innocente à celle d’un tueur qui dépose la bombe.»
Revenant sur le contexte de la bataille d’Alger (1957), Le Pen ne manque pas de rappeler la culpabilité de la gauche socialiste dans les crimes commis par l’armée française. «Je rappelle, lancera-t-il, que le gouvernement qui a donné la responsabilité du maintien de l’ordre à Alger, à la 10e Division parachutiste, est un gouvernement socialiste. Les conseils qui ont été donnés étaient d’éradiquer à n’importe quel prix la menace terrible que faisait peser le terrorisme qui a fait des centaines de morts, de blessés et de mutilés dont personne ne parle. Et c’était justement à la recherche de ces réseaux de bombes qu’un certain nombre de procédés ont été utilisés, beaucoup plus humains que de déchiqueter les jambes d’une petite fille», a-t-il encore affirmé.
Plus cynique que jamais, Jean-Marie Le Pen justifie le recours systématique et «indispensable» à la torture en déclarant que «c’était la guerre», «surtout quand cette guerre est menée par des civils de façon illégale». Décochant une flèche en direction d’une certaine élite et une partie de l’opinion françaises qui continuent à dénoncer la torture pratiquée par l’armée coloniale en Algérie, Le Pen avoue comprendre assez mal «qu’on ait pour eux beaucoup plus d’indulgence qu’on en a pour les soldats de son propres pays».
Le fondateur du Front national faisait cette déclaration dans le cadre de la promotion de ses mémoires qui sortent jeudi prochain. Intitulé Fils de la nation, l’ouvrage revient avec force détails sur son implication dans la «guerre d’Algérie» et notamment sur l’usage de la torture, et dont la presse a publié des extraits. On y lit ce passage qui résume le fond de sa pensée sur la question (dans les deux sens du terme) : «On a parlé de torture. On a flétri ceux qui l’avaient pratiquée. Il serait bon de définir le mot. Qu’est-ce que la torture ? Où commence-t-elle où finit-elle ? Tordre un bras, est-ce torturer ? Et mettre la tête dans un seau d’eau ? L’armée française revenait d’Indochine. Là-bas, elle avait vu des violences horribles qui passent l’imagination et font paraître l’arrachage d’un ongle pour presque humain. (…) Cette horreur, notre mission était d’y mettre fin. Alors, oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possible. Y figuraient les coups, la gégène et la baignoire mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique. (…) Il est plus que ridicule, il est pervers, il est profondément immoral, de jeter l’opprobre sur des hommes qui ont le courage d’utiliser sur ordre, pour obtenir le renseignement qui sauvera des civils, des méthodes brutales qui leur pèsent, qui leur coûtent.»
R. M.
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