Macron lance une mission pour la restitution d’œuvres aux pays africains
Le président français Emmanuel Macron a confié lundi à deux experts culturels la mission d’étudier la restitution à des pays africains d’œuvres d’art se trouvant actuellement en France, comme il s’y était engagé dans son discours d’Ouagadougou l’an dernier. Ces deux «personnalités incontestables», l’historienne d’art Bénédicte Savoy, membre du Collège de France, et l’écrivain et universitaire sénégalais Felwine Sarr, devront rendre leur avis d’ici à novembre, a précisé le président français à l’issue d’un entretien avec son homologue du Bénin, Patrice Talon.
Emmanuel Macron avait créé la surprise lors de sa tournée en Afrique de l’Ouest en novembre en déclarant vouloir «un retour du patrimoine africain à l’Afrique». «Le patrimoine africain (…) doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, Lagos, Cotonou. (…) Ce sera l’une de mes priorités. D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l’Afrique», avait-il dit dans un discours à l’université d’Ouagadougou.
Ces propos avaient été particulièrement bien reçus au Bénin, dont le Président a fait une demande officielle d’une restitution d’une partie du patrimoine béninois en juillet 2016. «Ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir présenter ce patrimoine qui est le nôtre», a expliqué lundi M. Talon. Mais «nous le faisons non pas dans un esprit de conflit, mais de coopération avec la France», notamment pour «faire du tourisme un pilier majeur de l’économie béninoise».
Selon Irénée Zevounou, ambassadrice du Bénin à l’Unesco, «4 500 à 6 000 objets (béninois) sont en France, y compris dans des collections privées». L’accaparement des trésors du royaume du Dahomey – trônes royaux, récades (sceptres royaux), portes sacrées du palais d’Abomey, statues anthropomorphes… – s’était fait lors des batailles coloniales entre 1892 et 1894, mais aussi par des missionnaires ou des missions culturelles.
Bénédicte Savoy et de Felwine Sarr devront notamment examiner les conditions dans lesquelles ces œuvres pourront être rapatriées puis protégées dans leurs pays d’origine. «Nous avons la volonté ferme de bien faire les choses», a précisé M. Macron.
De telles restitutions demanderaient de changer la loi française en raison des principes juridiques «d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité (…) des collections publiques».
Par ailleurs, M. Macron a apporté son soutien au «programme de réformes courageuses mises en œuvre» par M. Talon depuis son élection en 2016 pour tenter de faire face au ralentissement de l’économie, conséquence des difficultés que rencontre le Nigeria voisin. M. Talon a reconnu que ses réformes étaient «impopulaires», mais qu’elles étaient «la seule voie possible» pour son pays de 11 millions d’habitants.
R. I.
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