Règlement du conflit au Sahara Occidental : le Maroc a peur de la négociation
Le membre du secrétariat national du Front Polisario et coordonnateur sahraoui avec la Minurso, M’hamed Kheddad, a relevé, mercredi, que le Maroc avait «peur de la négociation» pour le règlement du conflit du Sahara Occidental en affichant «un manque de volonté» de s’engager dans le processus de paix de l’ONU.
«Les tergiversations du Maroc avant de répondre à l’invitation de l’ONU et les déclarations faites par le ministre marocain des Affaires étrangères, au terme de la rencontre avec Horst Kohler, sont malheureusement l’expression d’un manque de volonté de s’engager dans le processus de paix des Nations unies», a indiqué Kheddad dans une déclaration à l’APS.
Kheddad, qui a pris à témoin la communauté internationale, a précisé que «le Maroc a peur de la négociation, qui, comme le répète l’ONU, doit s’établir sans préconditions et encore moins avec des diktat d’une autre époque». «Face aux appels de l’ONU et de l’Union africaine (UA), le Maroc opte pour l’intransigeance et la fuite en avant. Nous prenons à témoin la communauté internationale», a ajouté Kheddad.
Le responsable sahraoui a, à la même occasion, souligné que la Maroc doit se rendre à l’évidence, coopérer sereinement et admettre ce que la Cour européenne de justice (CJUE) vient de rappeler avec force : «Le Maroc et le Sahara Occidental sont deux territoires distincts et séparés.»
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, a rencontré la veille à Lisbonne une délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita. Au terme de la rencontre, Bourita, cité par des médias marocains, a notamment dit qu’«il ne s’agit pas d’un processus de négociations mais d’un contact pour discuter de l’évolution du dossier» du Sahara Occidental.
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara Occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc.
Kohler avait adressé, en janvier dernier, des invitations au président sahraoui ainsi qu’au ministre marocain des Affaires étrangères pour des consultations bilatérales entre le Front Polisario et le royaume du Maroc, en présence des pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie, représentés par leurs chefs de la diplomatie, et ce dans le cadre des concertations en application des résolutions du Conseil de sécurité et des efforts de l’ONU pour la décolonisation du Sahara Occidental.
La démarche de Kohler s’inscrit dans l’esprit des différentes résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, appelant à la reprise des négociations en vue de parvenir à une solution durable à un conflit vieux de 42 ans, et qui soit «conforme à la lettre et à l’esprit des décisions pertinentes» de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) devenue Union africaine (UA) et des Nations unies (ONU).
Toutes les résolutions demandent des pourparlers sans conditions préalables mais les négociations n’ont pas pu avancer pour la seule raison que le Maroc bloque le processus en posant toujours le préalable exigeant que son plan d’«autonomie» soit la seule base de négociation, alors que le Front Polisario est toujours disposé à discuter toutes les propositions, et resté ouvert à tout négocier dans un référendum d’autodétermination à travers lequel toutes les options soient possibles «indépendance, autonomie, intégration».
La dernière résolution du Conseil de sécurité relative au Conflit remonte à avril 2017, lorsqu’il a prorogé, à l’unanimité de ses quinze membres, d’un an, le mandat de la mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental, demandant au Maroc et le Front Polisario de continuer de «faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations et leur garantir le succès».
R. I.
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