Le dessous des cartes
Par Mrizek Sahraoui – L’affaire des fonds libyens – 16,1 milliards d’euros dont 10 auraient disparu des quatre comptes ouverts chez Euroclear Bank SA basée à Bruxelles, gelés par l’ONU en septembre 2011 – vire au scandale d’Etat après que des parlementaires s’en sont saisis. Les révélations de l’hebdomadaire Le Vif ont suscité la réaction du ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qualifiant l’information, publiée ce jeudi, de «fake news» (intox).
Dans un entretien à l’agence Belga, Didier Reynders regrette que cette histoire prenne la tournure d’une «affaire d’Etat». De son côté, pour avoir interrogé, le vendredi 2 mars, le SPF Finances – qui n’a toujours pas démenti les assertions du magazine – sur les 10 milliards «évaporés», et puisque «le porte-parole du parquet a bel et bien confirmé qu’il reste un peu moins de 5 milliards d’euros dans les compte», le magazine revient immédiatement à la charge et s’interroge : «Qui donc, dès lors, communique de fausses informations ? Et à qui ? Le parquet au Vif/L’Express ? Euroclear au parquet (et donc au juge Claise) ? Les Finances à Didier Reynders ? Didier Reynders à Belga ?»
Ce nouveau scandale qui ressemble à d’autres et sur d’autres sujets, s’il venait à se confirmer, serait l’énième preuve du véritable objectif de la chute de Mouammar Kadhafi ; un but purement lucratif, loin des discours creux de Sarkozy et de son conseiller aux Affaires moyen-orientales d’alors, Bernard-Henri Lévy, parangon de tartufferie guerrière.
Tous deux jurèrent, en prenant à témoin la planète entière, d’éviter coûte que coûte les massacres à Benghazi, et après s’être débarrassés du «dictateur», ils promirent aux «révolutionnaires» de leur ramener une paix durable et d’instaurer une démocratie enviable en Libye. Le jour de la victoire, le «libérateur» harangua les foules puis, en apôtre, Bernard-Henri reprit son bâton de pèlerin.
En route vers Mossoul, flanqué de Peshmerga, Bernard-Henri Lévy, le spécialiste des «chaos clés en main», carte d’état-major en bandoulière, repartit libérer les Kurdes opprimés. Cette fois, sur les champs de bataille, en chemise blanche échancrée et toujours sans gilet pare-balles, c’est le sang de Daech qui devait couler jusqu’à faire déborder l’Euphrate.
«Tout ça pour ça !» diront d’aucuns qui, dès après l’annonce d’en finir avec Kadhafi, l’homme qui aurait financé la campagne de Sarkozy en 2007, à hauteur de 50 millions d’euros suspecte la justice française – l’enquête étant toujours en cours – ont compris la supercherie du «printemps arabe» devenu, au fil des massacres, la géhenne à ciel ouvert.
Cette affaire de fonds libyens disparus, démentie ou pas car il n’y a pas de fumée sans feu, ajoutée notamment à l’étrange noyade de l’ancien ministre libyen du Pétrole dans le Danube, Choukri Ghanem, en avril 2012, au moment où celui-ci était en contact avec un journaliste étranger, donnent un éclairage sur l’objectif inavoué de cette guerre décidée ailleurs et par d’autres qu’en Libye et par les Libyens eux-mêmes.
M. S.
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