Bouteflika craint que la bombe sociale explose avant la fin de son mandat
Par Karim B. – Les instructions fermes données par le président Bouteflika au gouvernement de désamorcer la bombe des contestations sociales dénotent la fragilité de la situation générale dans le pays. Totalement absent de la scène bien que suivant le cours des événements «de très près», selon les secrétaires généraux du FLN et du RND, les principaux partis au pouvoir, le chef de l’Etat n’a fait aucune déclaration publique sur les mouvements de protestation qui secouent deux secteurs névralgiques de la fonction publique que sont la santé et l’éducation.
Abdelaziz Bouteflika ne s’était pas exprimé non plus lors des émeutes qui avaient suivi le refus de l’APN de consacrer un budget conséquent pour la promotion de la langue amazighe. Mais il avait surpris l’opinion publique nationale par sa décision de reconnaître cette revendication légitime, en officialisant Yennayer comme An Amazigh férié et en annonçant l’institution d’une académie dédiée à tamazight.
Dans le bras de fer qui oppose la ministre de l’Education au syndicat autonome Cnapeste, des sources avaient affirmé que la grève, qui dure depuis plusieurs semaines, au point de compromettre l’année scolaire et les examens de fin d’année, avait été gelée par les enseignants suite à des contacts directs avec les plus hautes autorités du pays. De nombreux observateurs s’étaient alors demandé si la présidence de la République n’avait pas court-circuité la ministre de l’Education nationale et adoubé les syndicats frondeurs.
La poursuite de la contestation dans ces deux secteurs et son exacerbation dans celui de l’éducation, suite à l’intransigeance de Nouria Benghebrit qui a affirmé, ce lundi, qu’elle ne comptait pas revenir sur sa décision de ponctionner les salaires des enseignants grévistes, mettent le Président dans une situation délicate. L’élection présidentielle approche et les mouvements de grève risquent de s’étendre à d’autres catégories professionnelles, voire à l’ensemble de la société au vu des nombreuses difficultés induites par la mauvaise gestion et la fuite en avant des gouvernements successifs.
D’aucuns s’interrogent sur la probabilité d’un remaniement profond imminent du gouvernement pour tenter de limiter les dégâts dans un contexte marqué par une colère sourde des citoyens, qui risquent de la manifester en occupant la rue. Ou le président Bouteflika se contentera-t-il d’instructions dont l’effet paraît obsolète ?
K. B.
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