L’armée turque s’empare de la ville d’Afrine grâce à Daech
Après quasiment deux mois d’offensive, la Turquie et ses alliés syriens, dont le gros appartient à Daech, ont fini par chasser de la ville d’Afrine les éléments des Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde syrienne qu’Ankara considère comme «terroriste». La Turquie a lancé le 20 janvier une opération militaire en territoire syrien dans le but de déloger de l’enclave d’Afrine les YPG, qu’elle voit comme une menace à ses frontières. Mais les YPG ont aussi été un précieux allié de la coalition internationale emmenée par Washington dans la lutte contre Daech.
L’armée turque est entrée dans Afrine quasiment sans le moindre combat. «Des unités des Forces syriennes libres, qui sont soutenues par les forces armées turques (Daech, sic), ont pris le contrôle total du centre-ville d’Afrine ce matin à 8h30» (5h30 GMT), avait auparavant annoncé triomphalement le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Un «grand nombre» des combattants kurdes ont «fui la queue entre les jambes», avait-il ajouté. «Notre travail n’est pas fini (…). Mais les terroristes sont finis à Afrine», a renchéri le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag.
Ce matin, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a indiqué que plus de 1 500 combattants kurdes ont été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie, depuis le début de l’offensive sur l’enclave d’Afrine, où les YPG contrôlent encore quelques poches de territoires. L’armée turque a, de son côté, fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs.
Avec le quasi-encerclement de la ville, les bombardements aériens et les tirs d’artillerie se sont intensifiés ces derniers jours. Ils ont provoqué la mort de dizaines de civils vendredi et samedi, dont 16 dans une frappe contre le principal hôpital d’Afrine, selon l’OSDH qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays.
La Turquie nie viser la population et a démenti la frappe contre l’hôpital. Mais l’OSDH évalue à plus de 280 le nombre de civils tués depuis le début de l’offensive d’Ankara. Echappant à l’avancée des forces turques, près de 250 000 personnes ont quitté depuis mercredi soir la ville d’Afrine, empruntant un couloir dans le sud de la cité menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le régime syrien, a indiqué l’OSDH.
S. S.
Comment (8)