Comment Djamel Ould-Abbès prépare en douceur le terrain pour le 5e mandat
Par Hani Abdi – Le rappel à l’ordre du député d’Annaba Baha-Eddine Tliba n’a été finalement qu’une ruse de plus du patron du FLN pour écarter les éléments les plus encombrants pour le parti et, visiblement, pour le président Bouteflika. Ainsi donc, Djamel Ould-Abbès fait le même travail que Tliba mais sans tambour, ni trompette.
En réunissant les secrétaires des mouhafedhs, le secrétaire général du FLN a clairement affiché l’option du 5e mandat, sans l’évoquer une seule fois. Djamel Ould-Abbès commence par rappeler le refus de Bouteflika de l’offre du FLN de devenir Président en 1995. Une manière pour lui de dire que Bouteflika n’a jamais couru derrière la présidentielle et que, s’il est encore à la tête de l’Etat, c’est plutôt pour préserver la stabilité.
Djamel Ould-Abbès considère que le président Bouteflika a accompli des miracles durant son règne. Il estime que, même malade et ne s’adressant pas à la nation, il reste l’élément clé de la stabilité du pays. Il en veut pour preuve ses redoutables interventions, tantôt pour corriger la trajectoire de la politique gouvernementale tantôt pour éliminer les germes de la fitna. Djamel Ould-Abbès fait ainsi la promotion du chef de l’Etat, qu’il qualifie d’homme de miracles.
La démarche d’Ould-Abbès est de préparer le terrain pour un 5e mandat, en empruntant d’autres chemins que ceux déjà explorés par le passé. Pas de comité de soutien, pas d’appels pour un 5e mandat mais plutôt une gigantesque opération de promotion des qualités et des réalisations de l’homme. «Les sorties de Bouteflika et ses décisions sont fortes. Elles jouent un grand rôle dans l’élimination des germes de la fitna et l’apaisement du front social», soutient Ould-Abbès, qui rappelle «les émeutes du sucre et de l’huile en 2011 que le chef de l’Etat a réussi à arrêter au bout de trois jours».
Ould-Abbès semble donc charger de «redorer» le blason d’un chef d’Etat, absent depuis plus d’un mandat, en jouant sur la stabilité et l’unité nationale. Mais pas seulement. Le SG du FLN est également chargé de mettre en valeur une autre facette de l’homme, celle de «celui qui a brisé certains tabous» comme celui relatif à l’identité nationale, en consacrant tamazight comme langue officielle mais aussi celui qui a renforcé le statut de la femme, notamment dans le champ politique. En interdisant aux militants de parler du 5e mandat, Djamel Ould-Abbès ne voulait donc pas être court-circuité dans sa «mission». Comme il ne voulait pas que son message soit brouillé. C’est ainsi qu’hier, par exemple, il a donné plusieurs indications sur un éventuel 5e mandat, sans en parler. Il a évoqué un programme présidentiel de réformes économiques qui s’étalera de 2020 à 2030. Un programme qui sera, selon lui, «une suite naturelle du travail accompli durant ces deux dernières décennies».
Si pour certains, le bilan de Bouteflika que prépare activement le FLN est un signe d’adieu, pour d’autres, c’est, au contraire, une rampe de lancement pour un nouveau mandat. La machine du FLN pour un 5e mandat est en marche.
H. A.
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