Suppression des visas entre l’Algérie et la Turquie : Alger dit non à Erdogan
Par Sadek Sahraoui – Les autorités algériennes ont émis un refus catégorique à la proposition de suppression des visas entre l’Algérie et la Turquie formulée par Ankara en marge de la dernière visite du président Recep Tayyip Erdogan. La raison ? «La suppression des visas avec la Turquie ne peut être envisagée actuellement en raison de profondes divergences entre les deux pays sur les dossiers sécuritaires et sur les conflits en cours dans la région d’Afrique du Nord», a expliqué dimanche une source diplomatique au quotidien Le Jeune Indépendant.
Ce diplomate, ajoute Le Jeune Indépendant, a souligné que «les experts turcs et algériens avaient discuté cette proposition en préparation de la visite à Algérie, en février dernier, du président turc Recep Tayyip Erdogan, mais la partie algérienne a conclu que la suppression des visas ne peut être à l’ordre du jour dans les circonstances dans lesquelles sont plongées les régions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient». «Nous ne pouvons accepter de courir le risque de supprimer les visas lorsqu’on sait que la Turquie est malheureusement un territoire de transit des djihadistes vers la Syrie, l’Irak et aujourd’hui vers la Libye», a précisé ce diplomate, qui a ajouté que cette option, une fois retenue, «pourrait être préjudiciable à l’Algérie qui fait face à la menace terroriste à ses frontières, notamment avec la Libye, qui attire de nombreux terroristes ou mercenaires de plusieurs nationalités».
Ce diplomate de haut rang a insisté par ailleurs sur l’idée que le retour sur le continent des terroristes de la légion africaine de Daech après leur débâcle en Irak et en Syrie constitue un argument supplémentaire pour ne pas envisager la suppression des visas.
«Des terroristes ou recruteurs munis de passeports turcs peuvent passer par nos aéroports ou s’infiltrer en Algérie», a-t-il ajouté, soulignant que «la question de la sécurité du pays fait partie des principes constamment rappelés par le président Abdelaziz Bouteflika ».
A la question de savoir si la Turquie a donné des garanties en matière de contrôle des mouvements de voyageurs et de terroristes entre l’Algérie et la Turquie en tant que préalable afin que les visas soient supprimés entre les deux pays, la même source a indiqué au Jeune Indépendant que «nos deux pays divergent en matière de définition du terrorisme».
S. S.
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