Le Maroc et l’Arabie Saoudite se livrent une guerre des mosquées en Belgique
Par Karim B. – Le torchon brûle entre le Makhzen et les Al-Saoud. Le rapprochement de Rabat et Doha en plein conflit entre les monarchies du Golfe laisse transparaître une mainmise française dans l’orientation marocaine vis-à-vis de la crise qui met aux prises le Qatar, d’un côté, et l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, de l’autre.
Le Qatar ayant infiltré les rouages de l’Etat français au plus haut niveau depuis l’avènement du très controversé Nicolas Sarkozy au pouvoir, le Maroc, protectorat français, se devait, dès lors, de s’aligner sur Paris dans la querelle qui oppose les richissimes monarques de la péninsule arabique.
L’Arabie Saoudite qui a, jusque-là, appuyé le régime de Rabat qu’elle a de tout temps assuré de ses aides pour l’acquisition d’armes, a fini par lâcher son protégé qui s’est tourné vers les Al-Thani dans une alliance conjoncturelle et vraisemblablement éphémère.
Cette confrontation larvée entre le Maroc et l’Arabie Saoudite s’est traduite par le retrait décidé récemment par la Belgique de la gestion de la grande mosquée de Bruxelles à l’Arabie Saoudite et son transfert aux religieux marocains. Les autorités belges arguent que ce lieu de culte doit être éloigné du dogme extrémiste wahhabite et confié aux musulmans malékites modérés qui en assureront le bon fonctionnement.
Les responsables politiques belges retirent ainsi la gestion de cette mosquée à la matrice du terrorisme et la confient au bras armé de cette même matrice. Les Belges ont-ils oublié que les terroristes qui ont commis des attentats à Bruxelles et ailleurs en Europe sont tous d’origine marocaine ? L’argument avancé par les décideurs belges ne tient donc pas la route. D’aucuns se demandent si ce changement n’est pas motivé par un accord secret entre la Belgique et le Qatar, ce qui signifierait que Bruxelles a choisi son camp dans la guerre que se livrent les pétromonarchies depuis peu et dont l’enjeu dépasse largement le cadre de la simple discorde entre familles régnantes.
Le Maroc a évidemment applaudi l’annulation de l’accord datant de 1969, qui octroie à l’Arabie Saoudite le droit de regard sur la mosquée de Bruxelles, mettant en avant un juste retour des choses, les Marocains constituant la première communauté musulmane en Belgique.
Une question se pose : le Qatar va-t-il compenser la perte de trois milliards de dollars que consent le Conseil de coopération du Golfe annuellement au Makhzen maintenant qu’il a «trahi» l’Arabie Saoudite ? La première gifle de Riyad a déjà retenti, l’Arabie Saoudite ayant décidé de soutenir la candidature des Etats-Unis, du Mexique et du Canada pour l’organisation de la Coupe du monde 2026 au détriment du Maroc.
K. B.
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