HRW : «La Libye n’est pas encore prête pour des élections libres»
Par Sadek S. – Alors que la communauté internationale ne cesse de presser les autorités libyennes de tenir des élections en 2018, l’organisation Human Rights Watch (HRW) estime, au contraire, que la situation actuelle dans le pays ne permet pas la tenue d’élections libres et transparentes. L’ex-Jamahiriya est plongée dans le chaos politique et l’insécurité. Elle est également sous la coupe réglée de nombreuses milices surarmées qui œuvrent dans l’impunité la plus totale, tandis que trois autorités politiques rivales se disputent le pouvoir. «Pour que des élections soient libres et transparentes, elles doivent se tenir dans un environnement sans coercition, discrimination, intimidations des électeurs, des candidats ou des partis politiques», a affirmé HRW dans un communiqué, qui précise que «la Libye n’a jamais été aussi loin du respect du droit et des droits de l’Homme, encore plus de conditions acceptables pour la tenue d’élections libres».
Eric Goldstein, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, déplore que «des lois restrictives ont sapé la liberté de parole en Libye». Il a affirmé que «des groupes armés ont intimidé, menacé, harcelé, agressé physiquement et détenu arbitrairement des journalistes, des militants politiques et des défenseurs des droits de l’Homme». M. Goldstein indique que pour qu’il y ait des élections, il faut qu’au préalable «les autorités soient en mesure de garantir le droit de réunion, d’association et de parole à tous les participants à ces élections». Ce qui, ajoute-t-il, n’est pas le cas actuellement.
HRW a déploré, par ailleurs, dans son communiqué un cadre juridique «opaque» des élections prévues en 2018. Un projet de constitution doit être, en effet, soumis à référendum et une loi électorale doit être rédigée et adoptée avant d’éventuelles élections. En attendant, 2,4 millions d’électeurs ont été enregistrés par la commission électorale nationale (HNEC) sur une population de 6 millions. La HNEC, considérée parmi les rares institutions crédibles et indépendantes, avait organisé les deux premières législatives en 2012 et 2014, réinstaurant cet exercice après 42 ans d’interdiction sous la dictature.
S. S.
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