Bernard Kouchner a-t-il peur d’être éclaboussé par l’affaire Sarkozy ?
Par Kamel M. – L’ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner, vole au secours de l’ancien Président, empêtré jusqu’au cou dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Kouchner a essayé de détourner les regards en s’arc-boutant sur le même argument que Sarkozy, à savoir le caractère salvateur de l’intervention de la France en Libye qui s’est soldée par le renversement et l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
«Je ne crois pas Nicolas Sarkozy capable de se servir du droit d’ingérence pour couvrir le financement occulte d’une campagne électorale», a affirmé le médecin humanitaire converti à la politique, dans un entretien au journal Le Monde. «Non, l’intervention en Libye visait à empêcher la démolition de Benghazi et le massacre d’une population qui se soulevait dans la foulée des printemps arabes», a-t-il renchéri, avant de s’interroger : «Quel intérêt Sarkozy aurait-il eu à s’impliquer dans ces affaires ?»
Tout en défendant son ancien chef hiérarchique, Bernard Kouchner n’en adopte pas moins l’attitude de Ponce Pilate : «Je ne connais ni les multiples intermédiaires ni les détails de leurs embrouilles», a-t-il dit, en expliquant que Nicolas Sarkozy a invité Kadhafi à Paris «après la libération des infirmières bulgares qui étaient emprisonnées depuis neuf ans». «Une libération qui avait été particulièrement difficile à obtenir», selon lui.
Les artisans des soulèvements dans plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient se serrent les coudent. Ils savent que l’éclatement de l’affaire Sarkozy risque, de fil en aiguille, de démasquer d’autres protagonistes directement impliqués dans la transaction secrète qui avait eu lieu entre l’ancien guide libyen et de hauts responsables politiques français sous la férule de l’ex-ministre de l’Intérieur, qui menait une rude bataille pour «enterrer» Chirac et écarter son ministre des Affaires étrangères, Dominique De Villepin. Ce dernier avait gagné la sympathie de nombreux Français après sa magistrale intervention à l’ONU contre l’intervention militaire en Irak et rendait donc difficile la tâche à son rival opportuniste et irascible qui ne jouissait pas d’une grande estime dans l’opinion française.
Nicolas Sarkozy ne peut être le seul instigateur dans cette affaire de financement occulte de la campagne électorale de 2007. D’autres personnalités françaises tomberont avec lui. Bernard Kouchner pourrait en faire partie.
K. M.
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