Pourquoi la France risque de ne plus peser sur l’échiquier mondial
Par Sadek Sahraoui – La France est le parfait exemple du pays qui s’est volontairement tiré une balle dans le pied. C’est en gros l’idée défendue par Alain Juillet, ancien directeur du renseignement de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Auditionné le 21 février dernier par une commission d’enquête de l’Assemblée française sur certaines décisions industrielles, l’ancien patron des services extérieurs français a accusé le pouvoir politique de son pays d’avoir bradé la souveraineté de la France en vendant les grandes firmes françaises.
Alain Juillet a soutenu que la vente, par exemple, de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, le 24 avril 2014, est même une erreur stratégique impardonnable qui aura un impact dévastateur sur l’indépendance de la France. Celui qui fut également haut responsable pour l’intelligence économique auprès du Premier ministre français a expliqué que «la vente du bijou industriel français Alstom au conglomérat américain General Electric était une perte de souveraineté», ajoutant que le transfert aux Etats-Unis de la production des turbines indispensables aux sous-marins français à propulsion nucléaire, clef de voûte de la dissuasion nucléaire et de la stratégie militaire de l’état-major français, est carrément une faute politique majeure. C’est à ce moment là, a-t-il martelé, que «la France a perdu sa souveraineté nationale au profit des Etats-Unis d’Amérique».
Selon la presse française qui a rapporté, hier, l’information, Alain Juillet n’a, d’ailleurs, pas manqué de faire un parallèle entre les sous-marins nucléaires français et la récente tentative française de vendre des chasseurs Rafale à l’Egypte. Il apparaît désormais impossible à Dassault de vendre des avions de chasse à l’international, sans autorisation du gouvernement américain. La cause est la législation ITAR qui permet d’interdire l’exportation de composants techniques américains présents dans le Rafale. Or, explique-t-on, «les fameuses turbines d’Alstom utilisées pour construire nos sous-marins sont passées désormais sous pavillon nord-américain de General Electric. C’est pourquoi il serait désormais impossible à la France, et donc à l’armateur français Naval Group, de vendre un seul sous-marin dans le monde sans avoir le feu vert des institutions américaines».
Un auteur d’un article consacré au sujet s’interroge d’ailleurs si la France – qui est encore la troisième puissance militaire nucléaire au monde après les Etats-Unis et la Russie – a la volonté, la stratégie et les armes économiques nécessaires pour préserver son rang et rester membre du Conseil de sécurité de l’ONU.
S. S.
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