Coup franc !
Par R. Mahmoudi – D’anciens joueurs de l’équipe nationale marocaine de football n’ont rien trouvé de mieux pour saluer le soutien de l’Algérie à la candidature du Maroc pour l’organisation du Mondial-2026 que d’appeler à la réouverture des frontières avec l’Algérie, fermées depuis 1994.
C’est le cas notamment de l’ex-gardien de but de l’équipe du Maroc et actuellement entraîneur, Badou Zaki, qui, commentant la décision algérienne, a déclaré que «c’est une occasion pour rouvrir les frontières entre pays frères». Cet ancien footballeur ne dit pas en quoi une éventuelle réouverture de ces frontières pourrait aider à raffermir les liens d’amitié et de fraternité et constituer, ainsi, une réponse à l’initiative algérienne. Mais tout le monde sait que cette revendication est avant tout celle du régime marocain qui n’a pas cessé de manœuvrer et de faire pression sur Alger pour l’amener à agir dans ce sens.
Tout le monde sait aussi que les Marocains portent cette revendication, non pas par souci de renforcer les liens d’amitié comme le ressasse la propagande du Makhzen, mais pour permettre une relance de l’activité économique dans les régions frontalières grâce à l’afflux des touristes algériens. Avec l’exacerbation des tensions sociales dans le royaume, une éventuelle réouverture des frontières avec l’Algérie peut juguler un tant soit peu la propagation des émeutes de la faim qui ont pris une tournure grave depuis l’éclatement des événements du Rif, l’été 2017, les Marocains ont longtemps caressé l’espoir de voir Alger «revenir à de meilleurs sentiments» sur cette question des frontières, mais, après la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, appuyé par le Premier ministre, rappelant les périls que constituaient pour l’Algérie les trafics de drogues provenant du Maroc, les Marocains ont compris qu’il n’y avait plus aucune chance que leur voisin de l’Ouest revienne sur sa décision.
Vue sous un autre angle, cette déclaration de Badou Zaki cache, en fait, un profond malaise au sein même du régime qui semble comme pris au dépourvu par l’annonce de ce soutien algérien à la candidature du Maroc au Mondial-2026. D’où cette absence de réaction officielle immédiate.
R. M.
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