Comment les Etats-Unis et la France «intronisent» Mohamed Ben Salmane
Par Kamel M. – L’opposition saoudienne croit déceler dans le périple occidental du fils du roi Salmane un prélude à son intronisation dans les mois à venir. Le prince héritier s’est rendu aux Etats-Unis où il a été reçu par les plus hautes autorités américaines et des membres influents de différents milieux. La rencontre de Mohamed Ben Salmane avec le lobby juif, représenté par l’Aipac et les producteurs cinématographiques dont l’impact sur l’opinion publique mondiale n’est plus à prouver, est perçue comme une opération de propagande visant à préparer les Saoudiens à un changement qui ne saurait tarder à la tête du royaume wahhabite.
Cette idée est confortée, toujours selon l’opposition saoudienne, par la visite qu’effectue Mohamed Ben Salmane actuellement en France. Ses discussions avec les dirigeants de ce pays devraient porter également sur les changements profonds que le futur roi compte introduire dans son pays et qui risquent de bouleverser la société saoudienne après la chape de plomb religieuse extrémiste qui lui a été imposée par une famille régnante, elle-même peu regardante sur le respect des règles, qu’elle a érigées en dogme, jusque-là immuables.
Le futur monarque a moins besoin de l’assentiment des muftis saoudiens que du soutien des capitales occidentales. L’Arabie Saoudite est, en effet, à la croisée des chemins, embourbée dans sa guerre au Yémen et craignant une réaction violente de l’Iran qui cherche à étendre ses tentacules à l’ensemble du Golfe persique où vit une forte communauté chiite. Le désaccord profond qui oppose Riyad à Doha participe de cette nouvelle orientation du régime wahhabite. La multiplication des foyers de tension et la grave crise économique provoquée par la chute vertigineuse des cours du pétrole, principale ressource financière du royaume, ont accéléré le projet de réformes envisagé depuis longtemps mais retardé par la crainte des rois successifs de voir le statut de serviteur des Lieux saints de l’islam qui est dévolu aux Al-Saoud remis en cause.
Mais cette crainte a été dissipée par un péril autrement plus grand pour le régime de Riyad qui ne devra sa survie, dans les années à venir, qu’à son arrimage à l’Occident. Et cet arrimage passe forcément par un changement de costume.
K. M.
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