Contribution d’Omar Mazri – Agression de la Syrie : diversion ou dérision ?
Par Omar Mazri – Ce soir ou demain, il se pourrait que Damas se couche ou se réveille au son des Tomahawks avec leur lot de décombres, de sang et de larmes encore une fois dans une contrée arabe et musulmane. Encore une fois, les infantiles de l’islamisme inculte et «idiot utile» vont crier Allah Akbar en hommage à la hardiesse des Cerbères occidentaux et arabes (chien à trois têtes, sans religion, ni identité, gardant l’entrée des Enfers empêchant les morts de s’échapper de l’antre d’Hadès) et en soumission totale et aveugle aux ordres d’Hadès, frère aîné de Zeus, ayant la mission de gouverner les entrailles de la terre et l’attribut d’invisibilité qui le rend invulnérable comme Satan. Les mythes et les miteux qui jouent aux divinités ne réalisent pas que leur nouvelle agression signifie pour eux la fin de partie dans l’histoire des hommes et du monde post moderne (le monde de la communication, du spectacle et du commerce).
Que la frappe américaine ordonnée par le roi de l’Olympe et approuvée par ses sbires soit ciblée pour faire diversion et contenter les opinions occidentales fascinées par les médias et aliénées par le crédit ou planifiée pour répondre aux désirs de nuisance maléfique des élites exigeant la capitulation du régime de Damas et l’assassinat du président syrien, la partie est finie, bien finie même si dans le monde visible et immédiat on ne voit pas encore la fin, tout occupés à nos querelles idéologiques, à nos sectarismes religieux et à nos attachements partisans. L’humain est en danger, et c’est en Homme que nous devons analyser la situation et prendre position.
La partie est finie et perdue pour la simple raison qu’aucun des buts de la guerre subversive contre la Syrie n’a été réalisé, même partiellement : le démembrement de la Syrie, la fin de l’influence iranienne et l’élimination des arrières logistiques du Hezbollah. Après les défaites successives et cuisantes de l’opposition armée syrienne et cosmopolite et, surtout, après la bataille stratégique de la Ghouta, l’équation est en faveur du régime syrien et de l’armée syrienne qui reprennent le contrôle de leur territoire, de la Russie qui joue son rôle de leader mondial contre l’ordre établi par l’hyperpuissance américaine et ses alliés, de l’Iran qui instaure sa stature d’acteur régional majeur et, enfin, du Hezbollah qui a développé ses capacités de résistance et élargit ses compétences offensives.
Une nouvelle agression ne changerait rien à l’équation militaire sur le terrain tant pour la présence russe et iranienne que pour l’armée syrienne et le Hezbollah. Ces derniers sont décidés à résister et à conserver leurs acquis militaires et politiques. Toute guerre, locale, régionale ou mondiale n’a de sens que si elle consolide des positions militaires pour maintenir son pouvoir ou assoir celui de ses alliés, gagner des avantages économiques, commerciaux et culturels pour accroître son influence et conserver sa prospérité matérielle, ou protéger son propre territoire et celui de ses alliés ou vassaux.
Continuer la guerre en Syrie n’apporte aucun bénéfice matériel, politique ou culturel. La carte kurde dans le projet de démembrement ou dans le projet de reconstruction est une carte brûlée : les Kurdes demandent à revenir au giron syrien. Erdogan, par arrogance et confusion, ne parvient pas à comprendre que le démembrement de la Syrie fait partie du démembrement de l’ensemble de la région pour empêcher le projet Eurasie qui se fera bon gré, mal gré car c’est le seul qui peut apporter du bien-être aux populations et déplacer le centre de gravité financier, économique, culturel et scientifique de l’Occident vers l’Asie. S’il n’a pas compris son intérêt, il joue un rôle de confusion au sein de l’Otan et contrecarre les projets occidentaux. Il va continuer d’apporter de la confusion, mais il ne peut plus être déterminant dans la suite du conflit. Il lui reste à gérer les groupes terroristes d’obédience turcophile, les Kurdes et la crise économique qui est en train de saper son emprise sur la Turquie.
La question principale n’est donc pas de débattre de l’agression et de juger son caractère immoral ou de faire étalage de ses sentiments, mais de dire sans risque de se tromper que c’est la fin de partie. C’est la fin de partie, elle sera plus dramatique et plus étendue que ce que l’on peut imaginer. Le bloc de la résistance a remporté la partie après sept ans de guerre et l’expérience de la résistance va se reproduire en mode élargi et enrichi sur d’autres territoires et d’autres domaines comme l’économie, la finance, la culture. C’est la conjugaison et la globalisation de cette résistance qui va libérer la Palestine.
Si l’agression qui se prépare est juste un fait d’annonce (guerre de communication) avec ses morts et ses destructions sans grande signification stratégique ou tactique alors elle annonce la période de négociation pour le retrait des Américains qui vont une fois de plus faire payer la facture aux Saoudiens et aux bédouins du Golfe. La voix s’ouvre vers la libération de Jérusalem et elle se ferme sur un pouvoir américain en décomposition. D’ailleurs, toutes les communications contradictoires attestent que le pouvoir américain n’a plus d’unité, de direction, d’orientation.
Si l’agression qui se prépare devient une agression de longue durée et de haute intensité, alors, une fois les bombardements terminés, au cas où les Russes n’entreraient pas dans le conflit, ce qui est peu probable vu l’état d’esprit général en Russie (politique, militaire et populations civiles) et les forces concentrées en Syrie, la véritable guerre commencera contre les Américains et leurs alliés dans un terrain qui leur échappe totalement par son histoire, sa psychologie, ses ressources humaines et sa soif de se libérer : l’Irak, la Syrie, l’Iran, l’Afghanistan, le Yémen. Si les Russes interviennent vite et fort, l’Occident avide de vie et de consommation ne prendra pas le risque d’une guerre nucléaire ou d’une guerre mondiale où il ne gagne ni colonies, ni comptoirs commerciaux, ni zones d’influence. Si les Russes n’interviennent pas, alors les Syriens (l’armée syrienne et les défenses populaires constituées et en attente d’entrée en action contre l’envahisseur américain et turc) et le Hezbollah interviendront, car il s’agit de leur survie et ils se sont préparés à cette ultime bataille qui visera les Américains, les sionistes et les bédouins arabes. A ce sujet, la seconde et grande défaite occidentale en Syrie est la jonction entre la Syrie et l’Irak par laquelle va transiter l’effort de guerre iranien contre les intrus dans la région.
Une fois de plus, la France va se trouver hors jeu ou faisant les mauvais choix faute d’autonomie de décision et de vision sur l’avenir. Le mimétisme en place n’est pas capable de savoir s’il s’agit de diversion ou de dérision. Les gens de raison et de cœur savent par intuition que les forces maléfiques sont à la manœuvre, il s’agit sans doute de la dernière manœuvre avant le changement des règles de jeu imposées par Hadès et protégés par les Cerbères. Les masques d’invulnérabilité et d’invisibilité vont tomber, sinon c’est le règne de la mort et des zombis.
Les masques de l’islamisme wahhabite et frériste sont tombés, et il est donc temps que les musulmans se réveillent avant que d’autres marionnettes ne les conduisent vers de nouvelles impasses et de nouveaux désespoirs. Il est possible que l’on se réveille sur un coup de bluff ou une fanfaronnade et, là, la dérision sera sans limite en termes de crédibilité avec les conséquences les plus imprévisibles pour l’établissement d’idiots qui gouvernent la planète. Si, par contre, la menace est exécutée, la dérision sera plus grande, mais dramatique pour les fous maléfiques qui ne veulent pas quitter l’histoire dignement.
O. M.
Cette brève analyse de l’auteur et écrivain Omar Mazri est la soixantième sur la Syrie. Elle intervient deux ans après la dernière analyse faite le 14 février 2016 sous le titre Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie.
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