Culot européen
Par Sadek Sahraoui – Il n’est un secret pour personne que les relations entre l’Algérie et l’Union européenne se sont quelque peu raidies ces dernières semaines. Il ne s’agit pas de faire dans l’autoglorification, mais le problème ne vient pas de nous. Comme souvent d’ailleurs. Alors, où est le problème ? Et bien, les Européens reprochent tout simplement à l’Etat algérien d’avoir donné un tour de vis à ses importations et de trop commercer avec la Chine, comme si les pays européens ne faisaient pas de business avec Pékin.
Bruxelles suggère par là, bien évidemment, que nous ne respectons pas suffisamment l’accord d’association signé en 2002. Les Européens ont, d’ailleurs, dépêché jeudi un envoyé spécial qu’ils ont chargé d’argumenter leur constat et de nous dire ce qu’ils attendent de nous. Nous avons déjà une idée de ce qu’ils veulent. L’UE veut de façon générale que nous continuons à dépenser sans compter pour faire tourner à plein régime ses usines. Et cela peut importe que cela nous conduise droit dans le mur.
En nous distribuant autant de mauvais points, l’UE laisse entendre réellement que l’Algérie n’est pas un bon partenaire et qu’à la limite, nous ne sommes même pas dignes de confiance. En vérité, rien n’est plus faux. Ce qui a changé entre 2002 et aujourd’hui, c’est que, maintenant, l’Algérie commence à cesser d’être cette vache à traire dont tout le monde peut profiter. Mais ce que ne dit pas l’Union européenne à l’opinion internationale, c’est que même en ayant décidé de procéder à des restrictions budgétaires, l’Algérie continue à importer d’Europe pour plus de 20 milliards de dollars de marchandises. Il s’agit là de la moitié de toutes nos importations. Donc, quand Bruxelles laisse entendre que l’Algérie est tombée dans les bras des Chinois, cela est un ignoble mensonge. Si les Algériens avaient réellement travaillé avec les Chinois, notre facture d’importation aurait été infiniment moins salée.
Mais ce que ne disent pas les Européens, c’est qu’eux n’ont pratiquement rien respecté de cet accord d’association qui leur est pourtant très favorable. S’il y a bien quelqu’un qui doit se plaindre ici, c’est l’Algérie. Elle gagnerait, d’ailleurs, à militer en faveur d’une révision profonde de cet accord, qui est une véritable escroquerie. L’Etat algérien doit taper du poing sur la table dans ce dossier, car le culot européen est inadmissible.
S. S.
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