Mohamed Sidati : les allégations marocaines découlent d’un «opportunisme politique cynique»
Le ministre sahraoui délégué pour l’Europe, Mohamed Sidati, a qualifié, vendredi, les allégations marocaines sur un prétendu soutien militaire de l’Iran au Front Polisario via le Hezbollah libanais d’«opportunisme politique cynique» destiné à «saper les efforts de l’ONU» pour le règlement du conflit au Sahara Occidental.
«Les accusations du Maroc découlent d’un opportunisme politique cynique destiné à saper les efforts de l’ONU», a-t-il déclaré à l’APS. Mohamed Sidati, qui a nié «catégoriquement» toute présence militaire d’une quelconque puissance étrangère aux côtés de l’armée de libération du peuple sahraoui, a soutenu que ces allégations, «les dernières d’une série d’assertions provocatrices et non fondées», visent à «discréditer le Front Polisario et détourner le processus de paix onusien au Sahara Occidental».
«Le Maroc tente de tirer partie des tendances internationales actuelles pour essayer de renforcer son occupation illégale du Sahara Occidental», a-t-il ajouté, soulignant qu’«aucune preuve ne permet de soutenir les affirmations sans fondement du Maroc».
Le ministre sahraoui a fait remarquer, à ce titre, que les accusations de Rabat ont été formulées peu après que le Conseil de sécurité de l’ONU ait adopté une résolution 2414 prolongeant de six mois seulement le mandat de sa mission pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso).
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, le 27 avril dernier, une résolution appelant les parties au conflit au Sahara Occidental, le Maroc et le Front Polisario, à des «négociations sans préconditions et de bonne foi» en vue de parvenir à une solution garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et prolongeant, jusqu’au 31 octobre, le mandat de la Minurso.
«La résolution a envoyé au Maroc un message clair et fort : il doit retourner à la table des négociations sans conditions préalables», a affirmé Sidati. Il a soutenu, à cet égard, que contrairement au Maroc qui tente par tous les moyens de se soustraire à l’obligation de négocier, le Front Polisario reste «engagé» et de manière «constructive» dans le processus de paix des Nations unies.
«Nous avons clairement fait comprendre à Kohler (envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental) que nous sommes prêts et disposés à entamer des négociations directes sous les auspices des Nations unies», a-t-il indiqué.
Mohamed Sidati a appelé, dans ce contexte, la communauté internationale, particulièrement l’Union européenne (UE) à faire pression sur le Maroc pour qu’il mette un terme à toutes les actions qui nuisent au processus de paix de l’ONU.
Le ministre sahraoui a exigé de l’UE de mettre fin à son soutien à l’occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc, dénonçant les manœuvres de la Commission visant à inclure le Sahara Occidental dans les accords commerciaux entre l’UE et le Maroc sans le consentement du peuple sahraoui, comme l’exige le droit européen.
Mardi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a annoncé la rupture par le Maroc de ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusé d’avoir facilité la livraison d’armes au Front Polisario par l’intermédiaire de son allié du Hezbollah libanais et mettant indirectement en cause l’Algérie.
Réfutant les «fausses allégations» du Maroc, le coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, M’hamed Khedad a mis au défi Rabat de fournir la moindre preuve qui corrobore ces accusations.
Le ministère des Affaires étrangères a, pour sa part, convoqué l’ambassadeur du Maroc pour lui faire part «du rejet par les autorités algériennes des propos totalement infondés mettant indirectement en cause l’Algérie, tenus par son ministre des Affaires étrangères».
R. I.
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