Qui veut la rupture ?
Par R. Mahmoudi – Jusqu’où ira le Maroc dans sa guerre contre l’Algérie ? Les tensions entre les deux pays sont-elles arrivées à un point de non-retour ? Les deux questions méritent bien d’être posées parce qu’il est impossible que la situation soit sans conséquences à court ou à moyen terme. Les Marocains sont allés trop loin dans leur perfidie, alors que l’Algérie n’a pas encore épuisé toutes ses cartes et, en résumé, n’a pas encore dit son dernier mot sur la question.
Première carte à jouer : baisser le niveau de représentativité de notre ambassade à Rabat. Cette option serait, d’après certaines sources, à l’étude. Il faut dire que seule la patience légendaire des Algériens retardait encore le recours à cette option. Pour beaucoup moins que cela, des pays n’ont pas hésité à rompre leurs relations diplomatiques avec d’autres.
Si l’Algérie a préféré garder son sang-froid le plus longtemps possible, c’est sans doute aussi parce qu’elle était habituée aux fourberies marocaines qui se terminaient, mécaniquement, par un rituel d’excuses suivies de gestes de rapprochement, baissant l’escalade d’un cran, à défaut de réchauffer les relations. Mais là, visiblement, certainement grisés par le soutien des monarchies du Golfe et de la Ligue arabe (un pléonasme !), nos voisins semblent ne pas vouloir s’arrêter dans leur surenchère et, plus grave encore, cherchent maintenant à dresser «la communauté arabe» contre l’Algérie en la désignant comme «un ennemi caché» qui comploterait avec le Grand Satan qu’est l’Iran.
On n’est plus dans le classique jeu des chantages, au sujet du Sahara Occidental ou des frontières, mais dans une stratégie bien plus dangereuse qui vise clairement à couper l’Algérie de son environnement arabe. C’est pourquoi une riposte plus ferme est largement justifiée.
R. M.
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