Guerre des mots et cacophonie sur fond d’incertitudes sur le cinquième mandat
Par Karim B. – L’échange virulent qui a eu lieu ces deux derniers jours entre les chefs de deux formations politiques alliées et unies dans leur soutien à Abdelaziz Bouteflika est symptomatique de profondes dissensions dans ce camp, favorable à une candidature du président de la République à sa propre succession.
Avant l’échange aussi acerbe qu’inattendu entre Djamel Ould-Abbès et Amara Benyounès, une guerre larvée opposait déjà le secrétaire général du FLN au Premier ministre, chef de file du RND. Le conflit latent entre les deux partis au pouvoir, loin d’être une simple querelle passagère, est alimenté par la course aux dividendes que chacune des deux formations devra récupérer du cinquième mandat, annoncé précipitamment et très précocement par Ould-Abbès comme pour couper l’herbe sous les pieds des trois autres partis (RND, TAJ et MPA).
L’attaque d’Ould-Abbès contre Benyounès semble participer de cette guerre, le secrétaire général du FLN subodorant sans doute un «coup fourré» que lui prépareraient les deux frères-ennemis pour le court-circuiter. Bien que le patron du FLN se targue d’être à la tête du plus grand parti, il n’en demeure pas moins que sa position au sein du FLN est très fragile. De nombreux membres du parti lui reprochent, en effet, d’adopter une attitude flasque face à la «mainmise» du RND sur l’Exécutif, bien que le poste de Premier ministre «revienne de droit» au FLN.
Djamel Ould-Abbès semble, dès lors, pris d’une sorte de paranoïa qui a fini par le sortir de sa retenue habituelle, au point d’user de propos choquants. Et la réponse tout aussi violente d’Amara Benyounès, prévisible du reste, a achevé de faire exploser l’alliance politique sur laquelle le président Bouteflika compte s’appuyer pour conforter son assise en prévision d’un cinquième mandat qu’on dit inévitable en l’absence de toute alternative crédible.
Le report du Conseil des ministres et la cacophonie qui entoure les débats sur la loi de finances complémentaire se greffent à ces errements politiques et mettent à nu des incohérences qui inquiètent les citoyens, dans une conjoncture marquée par de sérieuses menaces qui guettent le pays.
Le président Bouteflika interviendra-t-il pour faire cesser ces tirs amis qui risquent d’ébranler l’édifice du cinquième mandat dont la première pierre a été posée lors de la sortie du chef de l’Etat à Alger ? Seul son arbitrage pourra rétablir le calme dans son camp.
K. B.
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