Un monde soumis
Par Mrizek Sahraoui – Le président américain a annoncé, ce mardi 8, la sortie des Etats-Unis de l’accord-cadre de juillet 2015 limitant le programme iranien de missiles balistiques qu’il a qualifié de «désastreux». Cette décision, une «grave erreur», selon Barack Obama, s’est accompagnée de la mise en place de nouvelles «sanctions d’un niveau élevé» et à «effet immédiat» contre, bien-sûr, l’Iran, mais aussi contre tout pays appelé à commercer avec les Iraniens.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump torpille un accord conclu par son prédécesseur. Le 1er juin 2017, il a tourné le dos à la planète en se retirant de l’Accord de Paris sur le climat. En tout état de cause, la décision de Donald Trump apporte un démenti cinglant à tous ceux qui soutiennent encore que les relations internationales sont régies par le droit international.
Alors même que le président américain n’aura fait qu’appliquer son programme de campagne, il n’en reste pas moins que cette sortie obéit en réalité à d’autres considérations : désormais, le monde soumis devra fonctionner selon les desiderata d’Israël. L’Etat hébreu dont le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a dit «soutenir totalement» cette décision «courageuse» ne se contente plus de fouler les résolutions des Nations unies, dorénavant, il donne le tempo avec la bénédiction des Etats-Unis, le pays ami de toujours, et l’Europe inaudible qui vient d’essuyer un échec cuisant sans précédent.
Le président français, dont la visite d’Etat qu’il a effectuée, le 23 avril à Washington, n’aura servi finalement à rien, a assuré après l’annonce de Trump que «la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l’accord nucléaire iranien». Il est aisé d’imaginer la frustration de celui qui, un moment, s’est cru un thaumaturge, faiseur de miracles. L’alchimie n’a pas opéré, et les succès sont plutôt dérisoires. Car, en infligeant de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran, ce sont, par ricochet, les entreprises européennes qui en pâtiront.
Le retrait des Etats-Unis de l’accord avec l’Iran ouvre, à nouveau, la voie à la course à la prolifération de l’armement nucléaire. Le président iranien, Hassan Rohani, qui dénonce «une guerre psychologique», a affirmé avoir «ordonné à l’Organisation iranienne de l’énergie atomique de prendre les mesures nécessaires». Même si le président iranien a tempéré, assurant vouloir discuter avec les Européens, les Russes et les Chinois, il a, par ailleurs, averti que son pays pourrait s’affranchir des contraintes de l’accord de juillet 2015.
Et c’est l’inconnu.
M. S.
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