Les députés réclament des hausses de salaires en pleine crise économique
Par Hani Abdi – La majorité des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) s’élève contre le projet de règlement intérieur de cette institution et formule des critiques des plus acerbes. La plupart des intervenants lors de la séance de présentation et de débat consacrée à ce projet de loi, maintes fois ajourné, ont qualifié le projet de règlement intérieur de «pénalisant» aux élus du peuple auxquels il réduit la liberté d’action et de mouvement.
Certains députés sont allés jusqu’à s’interroger sur qui a été derrière un projet aussi controversé. Les députés ont presque été tous unanimes à rejeter énergiquement les sanctions prévues dans ce projet de loi qui vont jusqu’à des ponctions sur salaire pour les absents aux séances plénières. Ils déclarent à la hussarde que leurs salaires ne suffisent pas et qu’il est impératif de les revaloriser afin qu’ils puissent assumer pleinement leurs missions telles que définies par la Constitution. Le salaire du député, faut-il le préciser, commence par 26 millions de centimes pour atteindre un maximum de 42 millions de centimes. Sans compter la multitude de primes, de privilèges et d’avantages.
La plénière a été ainsi des plus houleuses. Même les débats sur les projets de lois de finances successives qui prévoient des taxes et des augmentations des prix de certains produits n’ont pas suscité autant d’emportement, de colère et de protestation des députés qui se sentent ainsi «agressés» par ce projet de règlement intérieur de l’Assemblée. Un projet qu’ils qualifient de «recul» par rapport à ce qui a été prévu dans la Loi fondamentale.
Le député du RND, Mohamed Kidji, s’est carrément attaqué au fonctionnement de l’APN et «au recrutement insensé du personnel, qui n’obéit à aucun critère de compétence». Il a également critiqué le système de promotions à l’Assemblée qui favorise le «copinage». Ce député du RND a même jugé excessif que le président de l’APN dispose de 9 vice-présidents. Ce qui n’existe, selon lui, dans aucune démocratie. Ce même député a proposé de fusionner certaines commissions parlementaires pour réduire leur nombre qui est aujourd’hui de 12. Un nombre qu’il juge également «excessif».
De son côté, le député du Front Al-Moustakbal, Youcef Bakouche, a vivement critiqué ce projet de règlement intérieur, notamment son volet relatif aux sanctions des députés qui s’absentent. «Quand je lis les sanctions contre les députés, je me sens en première année primaire», a-t-il dénoncé, estimant que ceux qui ne viennent pas à l’Assemblée ne manquent pas d’argent pour les faire venir par des ponctions sur leurs salaires.
Pour les députés islamistes, ce projet de loi constitue une forme de pressions sur l’opposition parlementaire. Le député du MSP, Yahia Benine, a assuré que ce texte de loi n’a accordé aucune importance au député. Ce dernier a appelé à étudier sérieusement le phénomène de l’absentéisme au lieu de prendre des mesures autoritaires contre les députés.
H. A.
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