Secret de polichinelle
Par Sadek Sahraoui – Une délégation de parlementaires européens qui s’est rendue en Libye cette semaine vient d’adresser un appel qui risque de déplaire fortement à leurs gouvernements respectifs. Leur message a toutes les chances de froisser, car il confirme que certaines capitales européennes continuent à s’ingérer dans la crise libyenne et que cette ingérence participe à faire perdurer le chaos dans la région.
Croyant certainement bien faire, ces parlementaires, dont la dernière visite dans l’ex-Jamahiriya remonte à il y a six ans, ont donc invité les pays de l’Union européenne à agir de façon concertée dans le dossier libyen. «Pour le Parlement européen, c’est absolument crucial d’avoir une unité d’entente en Libye, d’autant qu’on doit déjà faire face à la présence de plusieurs acteurs régionaux qui ont chacun son agenda», a souligné le vice-président du Parlement européen, Fabio Castaldo, à l’issue d’une visite d’une journée à Tripoli.
Sans trop forcer sa lecture, il est aisé déjà de comprendre à travers cet appel que les Européens n’ont pas d’approche unifiée à l’égard de la Libye et que, pour le moment, chacun joue sa propre partition. Le discours lénifiant de Bruxelles sur le Maghreb et la Libye n’est donc que du vent et qu’il n’est là que pour accréditer la thèse que l’Europe est un ensemble homogène et qu’elle à une politique étrangère respectée par tous ses membres.
L’invitation du vice-président du Parlement européen s’adresse bien évidemment en premier lieu à l’Angleterre, à la France et à l’Italie qui ont renversé le régime de Mouammar Kadhafi et qui mènent aujourd’hui une guerre sourde pour accaparer l’immense richesse pétrolière de la Libye. Il arrive même à ces pays, unis en 2011 contre la Libye de Mouammar Kadhafi, de s’affronter pour garantir à leurs compagnies respectives les meilleures parts du gâteau libyen.
C’est la raison pour laquelle l’Italie et la France ont misé sur des seigneurs de la guerre différents. C’est, d’ailleurs, un secret de polichinelle. Mais c’est tout de même bien quand même que le Parlement européen ait commencé à prendre conscience de cette réalité cynique et sordide.
S. S.
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