Campagne virulente et synchronisée contre Ouyahia sur les réseaux sociaux
Par R. Mahmoudi – Plusieurs pages de propagande sur le réseau social le plus prisé par les Algériens, Facebook, se sont lancées dans une campagne violente et synchronisée demandant expressément le départ du Premier ministre. Avec des textes laconiques et des mots chocs, généralement en langue arabe, illustrés par des portraits d’Ahmed Ouyahia frappé d’un slogan commun : «Irhel» (Dégage), les promoteurs de ces pages mettent en avant les dernières mesures antisociales contenues dans la loi de finances complémentaire (nouvelles taxes exigées désormais pour retirer certains documents administratifs, comme le permis de conduire, la Carte nationale d’identité ou le passeport…) pour alarmer les internautes.
C’est le cas notamment de la page «Huna El-Djazayer» (Ici, l’Algérie) qui écrit : «Nous ne sommes pas des réfugiés pour payer le prix d’une carte d’identité. Un million et demi de chouhada ne sont pas morts pour nous soumettre et nous recoloniser. #Dégage.»
Dans le même style, mais avec des mots encore plus acérés et, disons, plus politiques, une autre page intitulée «Rak fi Constantine» (Tu es à Constantine) appelle de façon obsessionnelle au limogeage d’Ahmed Ouyahia et le présente comme une œuvre de salut public. Dans un message écrit toujours en arabe, on peut lire ceci : «Ouyahia est devenu un véritable danger pour le pays et les hommes avec ses agissements hostiles. J’espère que les honnêtes hommes se trouvant au sommet de l’Etat interviendront avant qu’il ne soit trop tard, et avant qu’il n’y ait explosion sociale généralisée.» Il va sans dire que ces pages sont largement partagées et relayées par des centaines d’internautes qui les alimentent aussi par des commentaires qui vont globalement dans le même sens.
La question que l’on ne peut s’empêcher de se poser, ici, est de savoir à qui profite cet acharnement contre le Premier ministre dans la conjoncture actuelle. S’il est convenu que son maintien à la tête de l’Exécutif, suite au dernier remaniement ministériel, a frustré plus d’un au sein même de la coalition gouvernementale, et notamment au sein du FLN, les partis islamistes semblent être encore plus déçus par cette longévité d’Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement.
Le président du mouvement Ennahdha, Mohamed Hadibi, pourtant d’habitude conciliant avec le gouvernement, ne s’est pas empêché, dans une déclaration à un journal arabe cette semaine, d’exhorter le chef de l’Etat à se passer de son Premier ministre. Selon lui, le Président «a le droit de protéger son programme s’il voit que le gouvernement menace ce programme, et d’intervenir par des décisions opportunes». C’est le cas des dernières propositions du gouvernement qui, selon Hadibi, «étaient sur le point d’embraser le front social».
R. M.
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