Des responsables libyens alertent : «Macron veut rallumer la guerre civile»
Par R. Mahmoudi – Plusieurs hommes politiques libyens ont mis en garde contre les résultats de la conférence interlibyenne à laquelle avait appelé le président français et prévue mardi à Paris. Cette deuxième initiative de Paris regroupera les principaux protagonistes de la crise libyenne, à savoir notamment : le chef du gouvernement de «Coalition nationale», Fayez Al-Sarraj, le président du Parlement de Tobrouk, Akila Salah, le chef de «l’Armée nationale libyenne» (autoproclamée), Khalifa Haftar, et le président du «Haut Comité de l’Etat», Khaled El-Mechri.
Ces réactions sont apparues suite à des fuites relayées par certains médias de la nouvelle initiative française et selon lesquelles celle-ci préconise notamment, en plus de l’organisation d’élections générales avant la fin de l’année en cours, l’unification de l’armée et de l’institution financière, et des sanctions internationales à l’encontre de ceux qui perturberaient ce processus.
Ainsi, le député Salah Fehima considère que cette initiative n’a aucune chance d’aboutir pour plusieurs raisons, dont la mise à l’écart de pays influents dans le paysage politique libyen, comme l’Italie. Aussi reproche-t-il aux promoteurs de cette initiative l’absence de mécanismes et d’un calendrier précis pour la mise en œuvre de tous ces points.
Plus virulent, Abderrahmane Chater, membre du Haut Comité de l’Etat, reproche ouvertement à la France de nourrir des ambitions de colonisation en Libye. «La France, pays des libertés et de la démocratie, n’en fait aucun cas hors de ses frontières», écrit-il sur son compte Twitter. «Elle nous sort une initiative douteuse pour imposer sa ligne en Libye (…) et y installer ses agents. L’ère de la tutelle exercée sur les peuples est révolue !», s’indigne Abderrahmane Chater.
Dans un autre message, le même responsable s’en prend au président français : «Le jeune Macron a des ambitions coloniales puériles. Il renie les valeurs de la liberté et le droit des peuples à l’autodétermination. Son initiative peut trouver des affidés qui l’accepteraient sans en mesurer les dangers pour le libre arbitre des Libyens et plongeront le pays dans la guerre civile. Leur principe est : vive la France libre et la Libye colonisée !»
Sur la même lancée, l’ancien diplomate Ibrahim Guerada prévient contre les conséquences néfastes de cette initiative, qu’il résume par un chaos «immédiat et généralisé» dans la Tripolitaine et une dislocation «irrémédiable» de la région du Fezzan. Selon lui, la mise en œuvre de ces clauses telles que publiées par la presse générera une augmentation des actes terroristes et de banditisme dans toute la Libye, et notamment à Tripoli et ses environs, et poussera des pans entiers de la population de ces régions à la rébellion armée.
R. M.
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