Comme en Algérie : l’Italie interrompt les élections pour sauver la démocratie
Par Mrizek Sahraoui – Ce qui se passe en Italie, à s’y méprendre, ressemble et rappelle un épisode de l’histoire de l’Algérie d’autant plus douloureux qu’il a été vécu il y a un peu plus d’un quart de siècle. Qui l’aurait dit ?
Succinctement, le 4 mars dernier, les Italiens étaient appelés à élire les membres du Parlement et, dans la foulée, désigner le chef du gouvernement. Les résultats ont été sans appel : les Italiens, soumis à la pression financière européenne et migratoire, en avaient ras le bol et avaient voté largement en faveur des partis populiste et nationaliste. Après d’âpres tractations, de soubresauts et de revirements, une coalition composée du Mouvement 5 étoiles (M5S) – populiste – et de la Ligue du Nord – nationaliste et raciste – ont réussi à proposer un chef du gouvernement, Giuseppe Conte. Le président Sergio Mattarella, sans doute sous pression lui aussi de l’Europe et, surtout des marchés financiers, a opté, ce lundi, pour la nomination d’un gouvernement technique en attendant de nouvelles élections législatives anticipées prévues à l’automne.
Rien à ajouter. Sauf que l’Italie est sur la même longueur d’onde que l’Algérie, mais presque avec trente ans de retard. Le président Mattarella vient d’arrêter le processus électoral italien, avec la bénédiction et au grand soulagement de l’Europe qui vient d’enregistrer et de cautionner un déni de démocratie si l’on adopte une position analogue à celle qu’un certain nombre de pays européens avaient affirmée et tenue en janvier 2012, lorsque il était question de l’instauration d’une République islamique en Algérie. Autres temps, autres mœurs, serions-nous tentés de dire.
Même s’il faut applaudir des deux mains la décision du président italien, Sergio Mattarella, d’avoir refusé qu’un ministre, Paolo Savona, ouvertement anti-européen qui prône la sortie de l’euro, et plus largement, de n’avoir pas permis à la coalition composée de populistes et de nationalistes xénophobes de constituer le gouvernement, avec pour Premier ministre, Giuseppe Conte, il n’en reste pas moins vrai aussi que, si l’on se réfère aux déclarations d’il y a presque trente ans qui soutenaient sans la moindre réserve la poursuite du second tour des élections législatives algériennes de 1992, alors, les Abassi Madani ( Luigi di Maio) et les Ali Belhadj (Matteo Salvini) italiens devraient être en mesure de pouvoir prendre les manettes en Italie. Sans sourciller.
Non ! Ça ne devrait arriver qu’aux autres, s’imaginait-on peut-être. Quand il y a danger en la demeure, l’Europe s’en prémunit. Chez les autres, justement, on parle de déni de démocratie.
Merci, on a compris !
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