Libye bis repetita
Par Sadek Sahraoui – La Conférence internationale de Paris sur la Libye n’aura été finalement qu’un remake de la rencontre de La Celle Saint-Cloud. Comme l’année dernière, les quatre principaux acteurs de la crise libyenne réunis par le président français Emmanuel Macron se sont quittés en promettant que très vaguement de ne ménager aucun effort pour sortir leur pays de l’ornière et de tenir des élections générales au mois de décembre prochain. Mais à part cela, aucun document n’a été signé et aucune feuille de route de sortie de crise clairement définie n’a été adoptée.
Cette conférence, convoquée en grande pompe par l’Elysée et présentée comme une sorte de panacée aux problèmes des Libyens, aura juste permis de confirmer la volonté du président Macron, et donc de la France, d’assoir son influence en Libye, un pays traditionnellement orienté vers l’Italie et les pays anglo-saxons. Au-delà, les maigres conclusions sur lesquelles ont débouché ce rendez-vous confirment ce que tout le monde savait déjà plus ou moins : la fracture entre Tripoli et Tobrouk est encore grande et que Faïz Al-Sarraj et Khalifa Haftar n’ont pas encore les coudées franches pour pouvoir s’engager formellement dans un plan de sortie de crise.
Le fait que le Premier ministre libyen, reconnu par la communauté internationale, et le commandant en chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) n’aient rien signé peut vouloir dire aussi que les élections pour lesquelles fait actuellement campagne l’Envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, ne font pas encore partie de leurs projets prioritaires. Et à supposer même que les Libyens souhaitent sortir du statu quo mortel dans lequel ils se trouvent et organiser des élections, la rencontre d’hier pèche par le fait qu’elle ne tient pas compte du poids des ingérences dans la crise libyenne. Or, tous les spécialistes du dossier s’accordent à dire que tant que la communauté internationale n’aura pas neutralisé ces multiples ingérences et obligé tout le monde à convenir d’un seul agenda de sortie de crise, la Libye ne connaîtra pas la paix.
S. S.
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