Fraternité
Par Sadek Sahraoui – L’échec que vient d’essuyer la candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde de football en 2026 donne raison au plus anti-algérien des écrivains marocains, nous citons Tahar Ben Jelloun. L’auteur du célèbre roman Moha le fou, Moha le sage n’avait finalement pas tort lorsqu’il recommandait, il y a peu, dans l’une de ses chroniques de se méfier de la notion de fraternité dans le Monde arabe. Cette chronique est même prémonitoire puisqu’elle annonce quelque part la trahison dont allait faire l’objet le Maroc dans les instances du football mondial.
Oui, c’est vrai ! La candidature du Maroc pour l’organisation du Mondial de 2026 a échoué, car, malgré la parole donnée, des «pays arabes frères» ont fini par soutenir les Américains. Ces pays, au premier rang desquels on retrouve l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, deux Etats qui veulent aujourd’hui se poser comme la conscience du monde arabo-musulman, ont même fait campagne contre le Maroc. Cela explique, d’ailleurs, la raison pour laquelle le dossier marocain n’a bénéficié au final que d’un nombre réduit de voix.
La déception que vient de vivre le Maroc à la Fifa rappelle, en effet, qu’à l’exception de certains d’entre eux, les pays du Proche-Orient ne sont pas dignes de confiance. Pour eux, la fraternité ne se mesure qu’à l’aune des bénéfices sonnants et trébuchants qu’ils peuvent en tirer. Le business et les affaires passent avant tout le reste. Chez eux, c’est comme ça !
Et il semble que Mohammed VI et les promoteurs de la campagne «Maroc 2026» ont très vite oublié qu’il y a longtemps que le Proche-Orient avait troqué les vieilles et grandes valeurs des premiers Arabes contre celles du plus abject des libéralismes. Autrement, l’Arabie Saoudite et tous les autres n’auraient pas accepté de contribuer à la destruction de leurs voisins immédiats. S’il y a bien une leçon à retenir, c’est celle-là : ces gens-là ne pensent pas comme nous et ne nous veulent pas du bien.
L’autre enseignement à tirer est qu’en dépit des problèmes du moment, le Maroc pourra toujours compter sur l’Algérie. Contrairement à beaucoup, les Algériens ont le sens de la parole donnée et ne trahissent pas les fraternités. N’est-ce pas Monsieur Ben Jelloun ?
S. S.
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