Crédibilité
Par Sadek Sahraoui – L’enquête liée à la récente saisie par la Marine nationale, au large du port d’Oran, de 701 kg de cocaïne tient en haleine l’ensemble de l’opinion publique. L’intérêt pour cette grave affaire de drogue tient au fait d’abord que c’est la première fois qu’une telle quantité de drogue dure est saisie par les services de sécurité. Ce qui suscite aussi l’attention, c’est que de nombreux fonctionnaires et de proches d’anciens responsables y sont impliqués. Il ne se passe pratiquement plus un jour sans que les investigations n’apportent leurs lots de surprises et de révélations. Sans anticiper sur les conclusions de la justice, il est pratiquement acquis que le principal accusé dans cette affaire va plonger. Et probablement pour longtemps.
La perquisition opérée par la Gendarmerie dans les locaux de ses entreprises fournit, en effet, la preuve incontestable que ses différents business n’étaient pas nets. Tayeb Louh, le ministre de la Justice, a d’ailleurs confirmé, lors de sa conférence de presse de lundi, que le «boucher» était déjà poursuivi pour divers délits graves qui vont du trafic d’influence à la corruption, en passant par le blanchiment d’argent. Des enregistrements vidéo saisis dans ses bureaux laissent penser également qu’il va entraîner dans sa chute inéluctable de nombreuses personnes bien placées. D’ores et déjà, l’opinion se demande si la justice a réellement les coudées franches pour aller au bout de son travail et faire payer toutes les personnes impliquées dans ces sombres affaires, quels que soient leurs rangs.
Ayant compris que les feux de la rampe étaient désormais braqués sur la justice, Tayeb Louh a promis durant sa sortie médiatique que les juges en charge du dossier avaient carte blanche et qu’ils ne feront pas de quartier. Dans cette affaire, les autorités semblent avoir bien compris qu’il n’y a pas que la crédibilité des juges ou de la justice algérienne qui est en jeu. Cela va beaucoup plus loin que cela.
Comme il s’agit avant tout d’une «grosse» affaire de cocaïne aux ramifications internationales et non d’une banale affaire de corruption, c’est du sérieux et de la viabilité de tout un Etat dont il est question. Car il est certain qu’à l’heure qu’il est de nombreux pays doivent suivre pas à pas l’évolution de l’enquête.
S. S.
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