Inhumanité
Par R. Mahmoudi – Divisée, éclatée au sujet de la crise migratoire, l’Europe cherche désespérément un bouc émissaire qui puisse l’aider à sortir de cette grave impasse qui a fini par dévoiler la fragilité de cet édifice tant mythifié qu’est l’Union européenne. Après donc l’Italie, l’Allemagne, puis l’Espagne, la France se découvre tout d’un coup, malgré toutes les professions de foi et le donquichottisme de Macron, dans la même catégorie.
Face à la crise, les dirigeants européens tentent de justifier leur incurie ou leur politique inhumaine par un manque de «coopération» avec les gardes-côtes libyens, tout en accusant les mêmes Libyens de renvoyer les migrants, une fois interceptés en mer, dans des centres de détention «indignes» où ils risquent de retomber aux mains de trafiquants. Une façon de rejeter toute l’inhumanité du monde sur un pays dépourvu d’autorité stable et, surtout, de moyens efficaces pour juguler ce fléau. Ces Européens oublient que ce sont eux qui ont laissé la Libye dans cet état et qu’ils ne font quasiment rien (la conférence de Paris est déjà sérieusement remise en cause par l’offensive de l’armée de Haftar) pour aider les Libyens à reconstruire un Etat unifié, stable et viable.
Il y a aussi le rôle néfaste de certaines ONG occidentales qui ne fait qu’aggraver la crise, mais qui n’est pas du tout médiatisé en Occident, parce qu’il n’intéresse pas trop ces faux humanistes. Un responsable des gardes-côtes libyens a bien expliqué, dans une déclaration à la presse ce jeudi, comment ces ONG dites humanitaires, avec leurs boat-people affrétés pour sauver éventuellement des rescapés en mer Méditerranée accentuent le drame des migrants. Ces derniers, assurés qu’ils seraient repris par ces bateaux, se risquent à louer des barques très mal équipées. D’où l’augmentation effrayante ces derniers temps du nombre de naufrages, et donc de morts.
R. M.
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