La leçon croate
Par Sadek Sahraoui – La Croatie, petit pays d’Europe du Sud né en 1991 de la dislocation violente de la Yougoslavie, dispute aujourd’hui sa première finale de la Coupe du monde de football. Qu’ils remportent ou pas ce trophée convoité par tous les peuples de la planète, les Croates peuvent être déjà fiers du parcours de leur équipe. Le fait d’être arrivé à ce stade de la compétition est en soi une formidable prouesse, surtout pour une aussi si jeune nation.
Retrouver la Croatie en finale n’est pas pour autant une surprise. En réalité, cela fait des années que les responsables des instances footballistiques croates s’emploient à former un groupe capable de rivaliser avec les plus grandes équipes. Déjà en 1998, le onze croate avait raté de peu de se qualifier en finale. Les résultats enregistrés depuis par la Croatie confortent effectivement l’idée qu’un travail de fond a été mené. Ce travail a permis à ce petit pays de disposer d’écoles de football performantes qui ont pu produire et exporter de très nombreux joueurs de talent dans les plus grands championnats européens. Luka Modric, le capitaine de cette équipe de Croatie, vient d’ailleurs de remporter avec le Real de Madrid la coupe de la Ligue des champions.
Aussi, s’il y a bien une leçon à retenir dans cette coupe du monde organisée par le Russie, c’est que justement l’abnégation et le travail sur le long terme sont les seuls garants de la réussite. La part du hasard et de la chance dans ce genre de compétition n’est que très marginale. Les spécialistes du ballon rond savent qu’une participation à une compétition aussi importante que la Coupe du monde se prépare des années à l’avance.
Il fut un temps aussi où les responsables du football algérien avaient un état d’esprit similaire à ceux des Croates et étaient habités par le même souci du détail. Et les exemples, il y en a à profusion. La retentissante victoire de notre EN sur l’ogre allemand en 1982 fut aussi le fruit d’un long travail acharné entamé plusieurs années auparavant. Les Assad, Madjer, Fergani et autres Merezkane qui ont tant fait rêver les Algériens ne sont en effet pas nés du néant. Ils ne font pas partie d’une génération spontanée. Toutes leurs prouesses étaient programmées à l’avance. A l’époque déjà, tout le monde était persuadé que le bricolage ne mènerait à rien. La question est de savoir maintenant comment nous avons pu oublier une chose aussi importante et pourquoi nous nous sommes à ce point égarés.
S. S.
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