Tunisie : les islamistes font main basse sur une majorité de mairies
Par Sadek Sahraoui – Une vague islamiste déferle sur les mairies tunisiennes. Le journal Al-Maghreb a révélé, dans sa livraison de ce dimanche, que le parti islamiste Ennahda préside 130 conseils municipaux sur les 348 déjà installés. La Tunisie compte 350 conseils municipaux.
La formation dirigée par Rached Al-Ghannouchi est suivie par les listes indépendantes qui ont obtenu 120 présidences alors que Nidaâ Tounes arrive loin derrière avec seulement 76 présidences de conseils. A noter qu’Ennahda compte également beaucoup d’alliés parmi les indépendants.
Après Sfax et Bizerte, le parti islamiste a obtenu récemment la présidence du Conseil municipal de Tunis. Souad Abderrahim, tête de liste du parti islamiste Ennahda lors des premières municipales démocratiques en Tunisie, a été élue, en effet, début juillet maire de Tunis, une première pour une femme.
Mme Abderrahim, membre du bureau politique d’Ennahda mais qui se définit comme indépendante, a été élue par les nouveaux conseillers municipaux, avec 26 voix contre 22 pour son principal adversaire, Kamel Idir, un ancien responsable local sous le régime de Zine El-Abidine Ben Ali et tête de liste du parti Nidaâ Tounès, fondé par l’actuel président, Béji Caïd Esebsi.
Mme Abderrahim est une compagne de route de longue date du parti Ennahda mais le mouvement a été accusé durant la campagne de l’utiliser afin de moderniser son image. Militante durant ses années universitaires, elle avait siégé au sein du bloc Ennahda à l’Assemblée constituante de 2011 à 2014 où elle avait fait polémique pour des critiques envers les mères célibataires, notamment, avant de disparaître du paysage politique jusqu’aux municipales.
La nouvelle maire de Tunis rejette l’étiquette d’«islamiste», à l’image du parti lui-même, qui s’est transformé mi-2016 en parti «civil à référent islamique», actant une séparation entre politique et religieux. Il se définit désormais comme «musulman démocrate». Comme elle, de nombreuses femmes viennent d’accéder au pouvoir local à la faveur d’une loi très stricte sur la parité.
Selon l’Instance indépendante électorale (Isie), 47% des élus sont des femmes, dont 573 sont têtes de liste (29,5% du total).
S. S.
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