Décès du colonel Bencherif : le boumediéniste qui s’opposa à Bouteflika
Par R. Mahmoudi – L’ex-chef de la Gendarmerie nationale, et ex-membre du Conseil de la révolution, le colonel Ahmed Bencherif, s’est éteint hier samedi, dans un hôpital parisien où il avait subi une intervention chirurgicale.
Commandant de la Gendarmerie nationale de 1962 à 1977, le colonel Bencherif a été aussi ministre de l’hydraulique dans le quatrième gouvernement de Houari Boumediene.
Connu pour son franc-parler et son caractère entier, il s’est violemment attaqué, à la veille de la présidentielle de 2014, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et son entourage. «Ceux qui appellent à voter pour un 4e mandat sont, ou des malades, ou des béni oui-oui, ou des traîtres», avait-il lancé lors d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de campagne d’Ali Benflis à qui il avait déclaré son soutien. Il s’en est également pris au président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, lui reprochant d’avoir accepté le dossier du candidat Bouteflika. «Honte sur vous, Monsieur Medelci ! Ayez au moins la dignité de reconnaître vos fautes, vous qui avez déclaré sur une chaîne de télé française que le 4e mandat était une blague !», s’est-il insurgé.
Le colonel Bencherif est également connu pour ses interventions souvent intempestives sur l’histoire de la guerre de Libération nationale. Moudjahid de la wilaya IV, ayant activé sous la férule du colonel Si El-Houès, Bencherif a ensuite intégré le MALG en Tunisie. Arrêté lors d’une mission en wilaya IV, il ne sera libéré qu’après le cessez-le-feu signé le 19 mars 1962.
Auteur d’un témoignage saisissant : Fadjr el-machâti, (L’Aube des mechtas), Bencherif a aussi apporté son témoignage, avec un certain panache qu’on lui reconnait, dans l’affaire du déterrement des ossements des colonels Amirouche et Si El-Houes, en avouant avoir reçu l’ordre de Boumediene, alors ministre de la Défense nationale, de les déterrer et de les conserver dans des cercueils, dans les caves d’une caserne de la gendarmerie. Les dépouilles des deux héros de la Révolution seront ré-inhumées, au carré des martyrs, au début des années 1980, sur un ordre du président Chadli Bendjedid.
Le défunt a également soulevé une vive polémique, il y a quelques années, en brocardant durement le colonel Mohamed Chaâbani, ancien chef de la wilaya VI, condamné et exécuté en 1964. Bencherif estimait que Chaâbani avait «sauté sur l’occasion» après la mort de Si El-Haouès et la décapitation de l’état-major de la wilaya VI au cours de la fameuse bataille de Djebel Thameur du 29 mars 1959. Bencherif l’avait même accusé d’avoir commis «un massacre» contre la population civile à Djelfa, sa ville natale.
R. M.
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