Agenda personnel
Par Hani Abdi – Abderrazak Mokri a rencontré Djamel Ould-Abbès. Après un échange d’amabilités, les deux hommes ont fait état de leurs positions qui sont loin de se rejoindre. Dès le début de leur rencontre, le patron du FLN a étrillé son «hôte» politique en rejetant catégoriquement toute idée de transition. Fidèle parmi d’autres au chef de l’Etat, Ould-Abbès réitère l’appel de son parti pour la continuité du président Bouteflika. Pour le chef du FLN, un nouveau mandat est vital pour le pays. Pour le chef du MSP, le 5e mandat est une option difficilement envisageable. Les deux hommes et leurs partis sont donc sur deux visions politiques totalement opposées.
Les trois précédentes rencontres de Mokri avec Ali Benflis, Amara Benyounès et Mohamed Hadj-Djilani n’ont rien dégagé qui pourrait mettre en orbite le projet de «consensus national» proposé par le chef du MSP. Amara Benyounès a été, comme il fallait s’y attendre, proche de la position du FLN, à quelques nuances près, exprimant fermement son opposition à toute forme de transition.
Ali Benflis, qui plaide pour un changement radical mais pacifique, ne peut pas être contre le dialogue ni contre l’idée d’une transition démocratique, mais il n’affiche pas d’enthousiasme quant à ce projet. Comme au sein de l’Instance de suivi et de coordination de l’opposition (Isco), Ali Benflis cherche le leadership, lui qui a été deux fois candidat malheureux à la présidentielle.
Le FFS dit tenir à sa propre démarche pour la reconstruction du consensus national. Une initiative qu’il a relancée après la mort de Hocine Aït Ahmed en 2015.
Le chef du MSP va rencontrer Ahmed Ouyahia, le 29 juillet. Il ne faudra néanmoins pas s’attendre à un revirement de position de la part du RND qui a déjà appelé le président Bouteflika à briguer un nouveau mandat.
Mokri ira à la rencontre d’autres formations politiques, mais plus il avance dans son projet, plus le consensus s’éloigne. Les divergences de vue sont tellement profondes et les positions idéologiques tellement opposées qu’il est illusoire de croire à la possibilité de trouver un minimum fédérateur de la classe politique nationale.
Inféodé aux Frères musulmans, le MSP de Mokri ne pourra pas espérer pouvoir entraîner dans sa démarche les forces progressistes et démocratiques. Même les autres partis islamistes ne sont pas intéressés par cette démarche qu’ils voient d’un œil méfiant et suspicieux.
Pourquoi Mokri a-t-il lancé cette initiative après avoir assisté à la mort de toutes les démarches politiques similaires portées par d’autres formations politiques ? Pour certains, cette initiative sert son propre agenda politique partisan et même personnel, en ce sens qu’il reprend langue avec le pouvoir après avoir radicalisé sa ligne politique en refusant de participer aux gouvernements successifs depuis 2013 et en boycottant la présidentielle de 2014.
H. A.
Comment (3)