L’émouvant message de la petite-fille d’un Algérien déporté par la France
Par Lina S. – Difficile de retenir ses larmes en écoutant cette descendante d’un déporté algérien en Nouvelle-Calédonie. «Avant de mourir, j’aimerais bien ne serait qu’avoir un coup de fil d’un lointain petit cousin – ou je ne sais pas – qui m’appelle en me disant : « Tu es mon sang. » Cette voix va me permettre de partir en paix», a confié Lucette Ouhiba Ben Amar dans un reportage réalisé par AJ+, un média internet qui fait partie du groupe Al-Jazeera.
«Il me manque quelque chose. Ce sont mes racines. C’est comme si c’était un arbre qu’on avait penché et les racines sortaient. Il faut que ça revienne», a affirmé cette femme dont le sang algérien coule dans ses veines. «Je n’ai plus de famille là-bas (en Algérie, ndlr). Je sais que j’ai une terre qui a appartenu à mon grand-père. C’est sacré chez nous», a-t-elle dit, émue aux larmes.
Lucette Ouhiba Ben Amar regrette de n’avoir pas été autorisée par sa mère «à voir plus souvent» son père «pour apprendre l’arabe, pour me parler». Mais cela ne l’a pas empêchée de rester plus que jamais attachée à ses racines algériennes et à porter cette appartenance la tête haute. «Je pense qu’on peut relever la tête et dire : « Moi, personnellement, Lucette Ouahiba Ben Amar, je suis très fière d’avoir eu un grand-père déporté, sacrifié. » C’est pour ça que je lève la tête et jusqu’à ma mort je la laisserai levée. C’est pour le nom des Ouahiba Ben Amar», a-t-elle insisté.
La petite-fille du déporté algérien, qui a fait partie des nombreux combattants aux côté d’El-Mokrani en 1873, espère que la même mer qui a vu son grand-père être exilé de force «dans des conditions inimaginables, inhumaines» pourrait un jour l’emmener vers ses racines.
Les descendants des Algériens n’ont jamais coupé les ponts avec leur terre d’origine à laquelle ils sont restés fidèles, tant et si bien qu’ils entretiennent les traditions culinaires et culturelles algériennes bien qu’ils se trouvent à 22 000 kilomètres de l’Algérie, comme le rappelle le reportage.
Sur les murs des maisons de ces petits-enfants de déportés, sont accrochés le drapeau algérien et des photos de villages de Kabylie. C’est que Lucette Ouahiba Ben Amar et tous ceux qui sont dans sa situation vivent le déchirement imposé par la France coloniale avec peine et nostalgie. «Privées de leur histoire et de leur identité», ces victimes de la colonisation française, qui représentent 10% de la population calédonienne, crient leur algérianité avec honneur et dignité.
L. S.
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